Une formule consacrée que l'on ne sait plus à qui attribuer affirme "Le public a aimé, il est bien le seul !". Pour le film de Bruno Dumont, il faudrait l'inverser : "Le public n'a pas aimé, il est bien le seul !". Il a été tellement décrié que j'ai failli passer à côté ! Hé bien, au risque de me faire gronder, j'ai aimé. L'image est superbe : les panoramiques sur les paysages du Nord ont rarement été aussi beaux, d'autant qu'il fait chaud et beau en cet été caniculaire (magnifiques ciels sur les dunes), ce qui rompt avec la tristesse qui colle à cette région dans tous les poncifs. Oui, tout le film est lumineux - ou presque. Les corps exaltés, les scènes érotiques, font du bien, à une époque si pudibonde et prude. L'idée est géniale, qui fait intervenir la bataille des forces du mal et du bien comme dans un space opera dans les Hauts-de-France : là où les bandes rivales, les familles ennemies se regardent de biais sur la plage, il faut y voir l'opposition millénaire de deux races en lutte. Mélange subtil de réalisme social et d'imaginaire qui traversent tout le film. Le récit s'enchaîne avec rythme, et on ne se lasse jamais, car il fonce comme une flèche, à la vitesse de la lumière d'un sabre laser. Les décors dans l'espace sont magnifiques. Les comédiens jouent parfaitement, amateurs compris, et si Lucchini cabotine trop, c'est un effet de décalage comique voulu. Toute la fin est superbe, parce qu'elle mêle la veine lyrique, humaniste, politique de Dumont avec son filon de comédie (les gendarmes). Je ne me suis pas ennuyé, j'ai souri et j'ai vibré ! Que demande le peuple ? Ah oui, Dune 2.