OFNI avec OVNI
Bruno Dumont est l’iconoclaste en chef du cinéma français. Après Ma Loute, Coin-Coin, Flandres, Hors Satan, L’humanité, La vie de Jésus, ce ne sont pas ces 110 minutes qui vont changer mon opinion. On est bien au royaume des déglingos. Entre Ma Loute et La Vie de Jésus, entre le ciel et la terre, Bruno Dumont nous offre une vision caustique, cruelle et déjantée de La Guerre des étoiles. Je suis comme tout un chacun, je n’ai pas compris grand-chose à tout ce bazar, d’ailleurs, je ne suis même pas sûr que Dumont ait compris. Mais le charme de son cinéma continue de me toucher quoiqu’il arrive.
Pourtant, ce Star Wars pour les fauchés avoue de hautes ambitions : ni plus ni moins les grandes questions métaphysiques irrésolues de l’humanité : la quête de l’Absolu, l’origine et la fin du monde, la lutte du Bien et du Mal, l’Apocalypse, l’Exil, l’Invasion, les mystères de la Vie, de l’Amour... Rien que ça ! Alors, il n’y va pas avec le dos de la cuillère, on a le droit à tout l’arsenal du genre : planètes antagonistes, des forces adverses, des rayons laser et autres cavaliers de l’Apocalypse, - montés sur des boulonnais -, et tout le tintouin. En guise de grands espaces, notre cinéaste fait voler la Saint Chapelle et un immense palais dans le style Versailles que je n’ai pas identifié, et pour la parie terrestre, on revient aux fondamentaux, une petite station balnéaire de la côte d’Opale, ses dunes et ses petites maisons sans grâce. Le tout sent le bricolage de génie, les acteurs en font des tonnes dans des rôles improbables, c’est abracadabrant, la farce est énorme et le message plutôt flou. Mais voilà, c’est un Bruno Dumont. Et c’est comme une marque déposée, on est en droit de ne pas aimer mais ça se respecte parce que ça ne ressemble à rien d’autre.
Côté casting, comme toujours, il y a les stars, Lyna Khoudri, Anamaria Vartolomei, Camille Cottin et du grand Fabrice Luchini, en barboteuse coiffé d’un casque de motard des années 20. Autour d’eux, gravitent – c’est le cas de le dire – une kyrielle d’acteurs et d’actrices maison à l’accent ch’ti à couper au couteau et des trognes insensées comme Brandon Vlieghe, Julien Manier, et l’incontournable duo de flics campés par Bernard Pruvost et Philippe Jore. Bref, un projet freak – et pas vraiment fric -, mettant en scène la rencontre du P’tit Quinquin, Wonderwoman et Belzébuth. Un pastiche corrosif et insolent à tout point de vue. Certains quitteront la salle très vite et les autres exulteront devant ce spectacle sidéral et… sidérant.