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Coric Bernard
382 abonnés
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3,5
Publiée le 20 février 2023
Sur un sujet rarement traité à l’écran, ce film raconte l’histoire judiciaire d’une jeune femme avec pour thème le déni de grossesse. La réalisatrice et scénariste, qui s’est apparemment bien documentée sur ce sujet, a bien su aborder cette affaire judiciaire très délicate aidé en cela par des interprètes à la hauteur du sujet traité. Au final, j’ai trouvé ce film plutôt convaincant et permettant de bonnes réflexions sur ce sujet épineux.
Toi non plus tu n'as rien vu (l'affirmation s'adresse aussi au spectateur) est l'histoire d’une femme atteinte d’un déni de grossesse total, issue d’un milieu aisé, éduquée, et surtout déjà mère, ce qui rend la situation encore plus incompréhensible. Le film cherche donc d'abord à nous rapprocher de cette femme, à travers sa sidération, puis dans sa situation de prétendue coupable et principalement victime (de son propre corps) et non de potentielle infanticide, comme la justice a le plus souvent tendance à la qualifier. D'une dignité parfaite, pédagogue comme il sied dans un cas pareil, le long-métrage est une fiction basée sur des faits réels, qui s'appuie sur un scénario très solide où les proches interagissent avec l'accusée et où l'aspect de thriller existe bel et bien, même si le temps consacré au procès ne constitue pas son axe premier. L'émotion, loin d'être forcée, est d'autant plus forte que la personnalité du personnage principal, au plus profond de son intimité, se dévoile, tout en gardant le mystère de tout être humain. Après Saint-Omer et Annie Colère, entre autres, Toi non plus tu n'as rien vu parle du corps des femmes et de la maternité avec franchise et sans tabous, presque une nouveauté, salutaire, dans le cinéma français. Dans le film de Béatrice Pollet, l'interprétation exceptionnelle de Maud Wyler, aux côtés des très bons Grégoire Colin et Géraldine Nakache, n'est pas pour rien dans la réussite d'un récit d'une vérité poignante.
Si le début démarre de manière un peu brouillonne, on se prend au jeu de l'enquête autour du déni de grossesse d'une femme et du combat de son amie avocate pour la défendre. Sans être un grand film, "Toi non plus tu n'as rien vu", est bien interprété et laisse au spectateur suffisamment de non-dits pour se faire sa propre opinion.
Le sujet, le thème : le déni de grossesse. L’évènement, doublé ici de ce qui pour la justice pourrait être un infanticide dans la rubrique des faits divers. S’en suivent dans le déroulé du scénario l’exploration des tenants et aboutissants d’une telle grossesse sans que la parturiente n’en ait eu auparavant la moindre conscience (son entourage familial non plus), ni les moindres signes morphologiques. Puis les suites judiciaires. non pas pour le déni mais pour a minima le manque de soins de première intention à l’enfant qui vient de naitre et qui ne devra sa survie qu’à un « coup de chance » (expression de la Procureure dans ses réquisitoires lors du procès). Le ton global est finalement peu militant à la différence de ce qui se fait habituellement sur ce registre. Le spectateur se fera donc sa propre explication, sa propre acceptation ou pas, sa propre compréhension. La démonstration est quand même taillée pour que le spectateur (comme le jury « Au nom du Peuple Français ») accepte. Une réalisation et des interprétations (la "coupable", son mari, son amie avocate, le juge d’instruction, les experts…) assez proches du téléfilm à visée vulgarisatrice d’un sujet.
Claire Morel (Maud Wyler) est avocate, mère épanouie de deux ravissantes petites filles, épouse heureuse de Thomas, ingénieur agronome (Grégoire Colin). Elle fait un déni de grossesse, accouche une nuit dans sa salle de bains et dépose son nouveau-né sur une poubelle après avoir tranché le cordon ombilical. Son enfant doit la vie à un voisin qui passait par là promener son chien. Claire est emprisonnée pour tentative d’homicide. Sa meilleure amie, Sophie (Géraldine Nakache), avocate comme elle, va la défendre.
Comme elle le raconte dans le dossier de presse, la réalisatrice Béatrice Pollet s’est intéressée au déni de grossesse dès 2011 et a mené un long travail de recherche et de documentation.
Le phénomène est passablement troublant, qui ne concerne pas seulement des femmes nullipares souffrant de troubles psychotiques mais bien – c’est le cas le plus souvent – des femmes vivant une relation stable et déjà mères, à l’instar de Claire, l’héroïne du film. Ni elle ni leur entourage n’ont conscience de leur grossesse, quasiment indécelable, le foetus se développant à la verticale dans un utérus qui ne bascule pas.
Le sens commun voudrait que la future mère, surtout si elle a déjà vécu une ou plusieurs grossesses, ressente des symptômes familiers. Il voudrait aussi que, à supposer que la mère s’aveugle sur une réalité bien visible, son conjoint, lui, s’en rende compte. Mais, les dénis de grossesse dûment documentés par la littérature médicale montrent qu’il n’en est rien. Jusqu’au jour de l’accouchement, la mère n’a pas conscience de son état.
Ces faits dérangeants sont très bien racontés dans le film dont le titre, qui aurait plus claqué en choisissant "Déni", préfère insister sur l’altération collective subie non seulement par la parturiente mais aussi par ses proches. Ce titre et l’affiche entraînent d’ailleurs le spectateur dans une fausse piste : on imagine qu’il se focalise sur la relation entre Claire et Sophie en pointant la complicité de la seconde. Mais tel n’est pas le cas.
"Toi non plus tu n’as rien vu" suit un scénario beaucoup plus classique qui déroule chronologiquement l’accouchement, l’emprisonnement de Claire et son procès six mois plus tard. On regrette le classicisme d’une histoire et d’une mise en scène qui auraient volontiers supporté un peu plus d’originalité. On regrette surtout une direction d’acteurs très lâche : si Maud Wyler est convaincante dans le rôle d’une mère murée dans l’incompréhension de son geste, Géraldine Nakache en fait trop en ténor.e du barreau et Ophélia Kolb est insupportable en procureure agressive.
Film très réussi sur un sujet méconnu et qui mérite d'être vu par le plus grand nombre ! À la fois très instructif, il est réalisé avec pudeur et esthétisme, sous la forme d'un triller judiciaire. L'interprétation de tous les comédiens est particulièrement juste. Bravo !
Moyen a tous les niveaux. Pas grand chose à se mettre sous la dent dans ce petit film tout juste au niveau d'un téléfilm. Petite intrigue ,jeu des acteurs sans étincelles ,et on s'ennuie assez souvent.
Sur le thème a priori pas très folichon et peu cinématographique du déni de grossesse, Béatrice Pollet réalise un film sérieux, posé et malgré tout militant. L'interprétation est de qualité et les dialogues plutôt convaincants. Il manque peut-être un peu de folie à ce film paradoxalement trop rationnel, et on aurait attendu que le scénario s'attarde davantage sur cette famille si normale plutôt que sur les longs développements psychologiques nous expliquant ce phénomène aussi méconnu qu'exceptionnel qu'est le déni de grossesse. Le film défend les mères concernées - son argumentaire tient la route - , oubliant au passage le spectateur venu au cinéma pour voir autre chose qu'un documentaire romancé.
Le déni de grossesse, voilà tout l'enjeu de ce film où Claire (Maud Wyler) va devoir répondre de ses actes devant la justice. Oscillant entre partie carcérale et procès, la cinéaste Béatrice Pollet ne convainc pas totalement à travers la volonté générale de ce plaidoyer. En effet, beaucoup de questions restent en suspens, et ce thriller judiciaire inspiré de faits réels n'éclaircit pas vraiment le spectateur sur les tenants et les aboutissant de cette affaire. Un film de procès qui n'égale pas ce qui a été fait auparavant, même si ce sujet sensible a le le mérite d'être évoqué.
Un très joli film sur un sujet tabou et douloureux. Deux beaux portraits de femmes. Des seconds rôles très justes. Un film tout en nuances qui explore un sujet méconnu et souvent traité de manière sensationnelle. A voir.
Toi non plus tu n’as rien vu raconte le terrible drame vécu par Claire, avocate accusée de tentative d’infanticide. Aidée de sa consoeur Sophie, elle va tenter de mettre en lumière son déni de grossesse auprès de la justice. Un combat un peu long durant le film. Réalisation trop convenue…
Un film sur le déni de grossesse qui n’est pas inintéressant, mais la mise en scène est sans relief, et le rythme plutôt mollasson… On a finalement l’impression de voir un telefilm assez quelconque. Moyen …
Film très sensible et humain qui, à travers le parcours judiciaire d'une victime, montre combien le déni de grossesse laisse les familles désemparées face à un phénomène si étrange. Le déni de grossesse révèle l'incroyable pouvoir du psychisme sur la physiologie et à quel point notre conscience humaine peut travestir la réalité pour satisfaire les exigences de notre inconscient en prise avec des souffrances encore insurmontables.
Victime ou coupable ? Pour son premier film en dix ans, Béatrice Pollet s'intéresse à la complexité du corps humain et de l'esprit qui sont tous deux liés et peuvent avoir un impact l'un sur l'autre. Si la tête ne le sait, le corps ne le montre pas et vice versa. Sophie est chargée de défendre sa meilleure amie, Claire, également avocate, qui est accusée de tentative d’homicide sur son enfant. Claire, qui ignorait être enceinte, peine à se souvenir de cette soirée où tout a basculé. Si on part du principe qu'elle dit vrai, c'est la double peine pour cette femme. Elle se reproche de ne pas avoir senti son enfant grandir en elle et elle est en plus accusée d'avoir essayé de s'en débarrasser. Une accusation synonyme de condamnation dans la tête des gens qui la pensent coupable et le font savoir... "Toi non plus tu n'as rien vu" aborde donc bien plus que le simple et complexe à la fois sujet du déni de grossesse. Tout en essayant de ne pas prendre parti, Béatrice Pollet tente simplement de savoir ce qui s'est passé ou plutôt de découvrir les intentions de cette femme, car on ne peut pas vraiment expliquer ce qui est encore inexplicable pour la science. Un film qui montre également que les femmes sont facilement pointées du doigt pour des choses dont elles sont impuissantes. Si l'histoire est parfois trop linéaire, elle est aussi pleine de tendresse, de pudeur et de pédagogie. Bref, c'est pas mal.
Il est évidemment louable de prendre ce fait divers et de le monter sur la scène que ce sujet tabou du déni de grossesse, si l’interprétation est convaincante notamment M.Wyler en femme désarçonnée et G.Nakache dans un rôle à contre-emploi, le film n’est pas toujours convaincant dans sa partie judiciaire et passe trop vite des réflexions psycho.