Derrière le pseudonyme de "Thomas le Lama" se cache un youtubeur qui dérape à l’occasion d’une vidéo. Devenue virale, il devient la risée et la cible de haters (des trolls qui, lorsqu’ils détestent une personne, se donnent pour mission de le pourrir lors de raids numériques). Pour tenter d’inverser la tendance et surtout, de reconquérir sa copine, Thomas décide d’aller à la rencontre de ses 10 plus grands haters pour s’expliquer de vive voix…
Il serait malhonnête de ma part de vous avouer le contraire, bien évidemment qu’avec un pareil script et incarné par Kev Adams dans le rôle-titre, je m’attendais à une piètre comédie, mais j‘étais loin de me douter que cela serait de cet acabit. Il semblerait qu’Amazon Prime Video se soit fait une spécialité de diffuser des comédies françaises foirées. Après Brutus vs. César (2020) de Kheiron ou encore Je te veux moi non plus (2021) de Rodolphe Lauga, il nous était difficile de ne pas s’attendre à autre chose qu’une pitoyable comédie puisque cela semble être désormais la règle. Scénarisé par Romuald Boulanger (déjà responsable du catastrophique Connectés - 2020), lui aussi diffusé par Amazon), très clairement on savait qu’on allait marcher sur des braises, restait à savoir combien de temps nous allions pouvoir tenir.
Rassurez-vous, le couperet tombe très rapidement lorsque l’on se rencontre de l’absence totale d’enjeu et de l’indigence du scénario auquel on doit faire face. Sur bien des aspects, le film nous fait penser au pitoyable Bad Buzz (2017) où chacun des films ne s’avèrent être rien d’autre qu’une succession de saynètes ridicules, portées à bout de bras par des dialogues insipides. D’ailleurs, il semblerait que les haters soit un sujet que connaisse bien Kev, après le bad buzz rencontré par Gad & Kev en 2016 avec le sketch "Le Chinois" (qui avait fait un tollé lors de sa diffusion sur W9 en 2018), à cette époque il avait dû faire face à une flopée de haters, quitte à devoir même aller s’excuser face caméra sur différents plateaux télé. Ajouter à cela son sketch "Le plus fort de mes haters" en 2018 où il incarnait un haters qui se dézinguait lui-même.
Mais le pire est ailleurs, comme pour mieux masquer l’absence d’intrigue, le réalisateur nous assène sur le coin de la gueule une succession de guests tous plus malvenus les uns que les autres et n’apportant strictement rien à l’intrigue en dehors de renforcer la malaisance de certaines scènes (référence à JCVD). Les guests s’enchaînent à un rythme soutenu à travers des séquences toutes plus chelous les unes que les autres, Seth Gueko, William Baldwin (avouons-le tout de suite, le public cible de Kev Adams passera totalement à côté), Olivier Giroud ou encore Jean-Claude Van Damme viennent cachetonner. Et quand ce ne sont pas des guests, le réalisateur fait jouer divers acteurs de la scène française : Fred Testo, Lucien Jean-Baptiste, Franck Dubosc, Nadia Farès, Vincent Desagnat (toujours disponible pour se ridiculiser), Elie Semoun (toujours dans le même registre de celui qui gueule le plus fort) ou encore Rayane Bensetti.
A aucun moment le film ne parvient à être drôle, si ce n’est lors de la séquence avec Pascal Demolon (merci à lui). Le reste s’avère d’une rare médiocrité dont le fil conducteur semble être un road-movie cofinancé par la SNCF (combien de fois voit-on les protagonistes prendre le RER ?), le film semble au final n’être qu’un prétexte fallacieux pour dépenser les biftons d’Amazon Prime dans le carnet d’adresse et faire ainsi apparaître des guests toutes plus insignifiantes les unes que les autres. Alors que le film aurait pu être une séduisante comédie acerbe sur la sous-culture des youtubeurs, au final il semblerait que Stéphane Marelli soit passé totalement à côté de son sujet.
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