Si vous vous intéressez au giallo, vous savez très certainement que ce genre est inspiré du krimi allemand des 60’s. Et que le giallo a à son tour fortement inspiré les slashers américains des 80’s. Mais quels films font précisément offices de passerelle entre les genres ?
Le cas le plus connu est « Reazione a catena » de Mario Bava, qui a été plus ou moins pompé par la saga Friday the 13th, jusque dans certaines exécutions. A cette liste, il faut ajouter « I corpi presentano tracce di violenza carnale », retitré par le plus efficace « Torso » à l’international. En effet, si ce n’est le cadre italien, on pourrait croire avoir à faire à un slasher américain sorti 10 ans plus tard !
On retrouve une bande d’étudiants libidineux, qui s’en donnent à cœur et à corps joie. Jusqu’à ce qu’un tueur ne commence un massacre. Tous les futurs clichés du slasher US sont présents. La police inefficace. Des jeunes stupides, qui se dandinent à poil alors qu’ils savent qu’un tueur néfaste rode (« oh on sonne, qui cela peut-il bien être ? » - « mais ouvre, on verra bien ! »). L’héroïne sage quand ses amies sont de vraies dévergondées. Le tueur mutique, ses motivations psychologiques, et son modus operandi.
Il y a donc ici une certaine originalité (pour l’époque), dans le sens où le film se démarque des gialli de la période, davantage focalisés sur des personnages bourgeois.
Sur la forme, ça commence un peu mollement. Si ce n’est la palette de scènes érotiques pour émoustiller le spectateur. Impossible de compter le nombre de paires de seins à l’écran, quand ces messieurs restent souvent habillés. Il y a même un quidam qui arrive à forniquer en gardant son pantalon boutonné, chapeau l’artiste !
Les meurtres sont peu graphiques, contrairement à ce que font miroiter les affiches. En réalité le tueur poignarde les hommes, souvent en hors champs, et étrangle les femmes. Le découpage n’est que post-mortem, et l’on ne voit pas grand-chose.
Néanmoins, l’ensemble reste sympathique. D’une part, grâce à de très jolis décors extérieurs, limite carte postale. Le film se déroule dans le centre historique de Pérouse, ainsi que dans le « plus beau village » de Tagliacozzo. De quoi se rincer l’œil sur les façades (et je ne parle pas de ces dames).
D’autre part, si Sergio Martino ne cherche pas à faire du gore, ses séquences de meurtres sont bien gérées en termes de tension. Là encore je pense que les Américains en ont pris de la graine. La palme revenant à la dernière demi-heure, huis-clos efficace de chassés-croisés entre l’héroïne et le tueur. Où la menace apporte beaucoup plus de tensions que les meurtres en eux-mêmes, d’ailleurs en hors-champs à ce stade.
« I corpi presentano tracce di violenza carnale » est donc une transition évidente entre giallo et slasher, et plaira sans doute aux amateurs de ces genres.