Ce qui est bien avec John Ford, c'est qu'il y en a toujours et tu as beau avoir pensé fait le tour, du moins dans les importants, il y a tout de même des œuvres qui valent le coup, des petites pépites qui n'ont pas eu la chance d'acquérir une solide réputation au fil du temps.
Just Pals fait un peu partie de ceux-là et confirme s'il y avait besoin que durant toutes les décennies où John Ford a été en activité, il a proposé de solides œuvres, la période muette est très loin de faire exception avec des films comme Three Bad Men, Four Sons ou autre The Iron Horse. Ce film sera son premier tourné après avoir quitté Universal pour rejoindre la Fox, il n'avait que 25 ans à l'époque et se faisait encore appeler Jack Ford, malgré un bagage déjà important dans le monde Hollywoodien.
Pendant cinquante minutes il nous raconte une histoire d'amitié entre un bon à rien méprisé par son village mais avec le cœur sur la main et un vagabond alors que le premier est secrètement amoureux d'une institutrice mal mariée. Ford n'a pas le temps pour de l'inutile et va vite à l'essentiel, que ce soit dans la présentation des personnages, du contexte et des rebondissements, l'important se trouve donc dans le début et il parvient à nous attacher aux protagonistes et à les rendre, eux ainsi que les enjeux, intrigants.
Il privilégie l'action, l'aventure et le suspense et oublie toute dose d'humour ou de sentimentalisme mal venue, c'est même parfois assez sombre comme peut en témoigner la forte séquence de lynchage malgré un ton finalement plutôt léger. Certes, ce n'est pas parfait, pas vraiment transcendant ou mémorable, mais rien empêchant de passer un bon moment devant, avec des comédiens assez bons, notamment le duo Buck Jones / Georgie Stone.
Et puis, et c'est une constance chez John Ford, il y a une certaine vision de la vie qui me plaît beaucoup, où la simplicité peut souvent faire le bonheur, symbolisé ici par une belle histoire d'amour. La force du cinéma de Ford, c'est aussi qu'il fait en sorte que ces simples moments de vies sonnent vraies, on s'y attache et permet à l'oeuvre de dégager un soupçon inespéré d'émotion, voire de mélancolie.
Si ce n'est pas l'oeuvre la plus mémorable de John Ford, Just Pals n'en reste pas moins attachant, notamment par la vision de la vie par John Ford et sa maîtrise de la caméra et du récit, sachant sublimer une histoire simple mais riche.