Après les coups de poings filmiques 12 Years A Slave et Hunger, et un Shame qui a son public, le nouveau Steve McQueen était attendu au tournant, mais ce Blitz est une petite déception (sans être complètement affligeant pour autant). Très long, déconstruit, qui aime bien se regarder filmer par moments, la dernière mouture de McQueen a du mal à convaincre, son intrigue pourtant intéressante à hauteur d'enfant (avec le très attendrissant Elliott Heffernan) surnageant dans un marasme de scénettes qui s'imbriquent avec pénibilité, parfois entrecoupées (encore) par des scènes esthètes (vous verrez la "neige télévisée" qui se transforme en fleurs, les flots qui deviennent un avion, tous ces criants appels du pieds auteuriaux qui nous sortent du film). Il y a deux histoires en même temps, celle de la mère (Saoirse Ronan, pour une fois assez absente) qui fait des rencontres au bal dansant, rassure le papy et essaie de ne pas s'inquiéter pour son fils, et de l'autre côté les mésaventures dudit fils qui s'est évadé du train de déportation vers la zone libre, et ressemble à un Oliver Twist paumé dans une Londres en gravats. Le film saute d'un personnage à l'autre, avec des rapports de temps très étranges, casse ses ambiances et ses tensions au passage, n'arrive pas à nous faire croire qu'absolument personne n'est raciste dans cette époque et ce contexte historique précis (même sans parler de l'enfant, le soldat fantassin qu'il rencontre ne reçoit pas un seul regard de travers des figurants, ce qui nous a sorti de la vraisemblance du film). Le film se voudrait dramatique, engagé, historique, malheureusement il ne nous a embarqué sur aucun de ces fronts (sans mauvais jeu de mots), le rythme saccadé étant perturbé par les sauts entre personnages, les figurants étant tous très (très) gentils et bienveillants, les intrusions de plans "m'as-tu-vu" étant vite soûlant, tout ceci faisant ressentir lourdement le temps qui passe dans ces deux heures. Le petit acteur Elliott Heffernan joue bien de sa bonne tête, il y a cette scène terrible du "garçon sur les rails" qui reste en tête, un soin évident apporté aux costumes et décors, mais pas de grand enthousiasme sur le reste aussi déconstruit que la ville qu'il met en scène.