Film bulgare si je ne m'abuse que ce Shibil. Une curiosité donc, mais est-ce que le métrage est à la hauteur ? Sincèrement, c'est un film d'une lenteur assez abyssale. Le scénario tient à peu près sur un post-it. Histoire d'amour impossible très classique, très tragique, conduite sur près de 2 h. avec vraiment tous les chapitres attendus dans cette histoire. Aussi, du point de vue du scénario, Shibil est un film très basique, qui cherche à cacher cet aspect sous une couche assez énorme d'abstraction. La narration se fait tortueuse, les dialogues se veulent philosophico-abscons, des séquences à priori simples à comprendre prennent un tour limite expérimental avec des dialogues bizarres et des réactions étranges de la part des personnages. Shibil veut se doter d'une dimension mystique, mythique, avec son héros quasi-légendaire, et même si ça prend, parfois, malgré tout dans l'ensemble le manque de moyen global du film et son côté pompeux le desservent. Formellement, Shibil impose de beaux paysages, une mise en scène plutôt inspirée avec qques beaux plans (le final notamment), mais on sent que le budget est trop limité. La reconstitution d'époque est minimaliste, la figuration extrêmement restreinte. Sans desservir fortement le film vu ses choix, quand même, ça se ressent trop, notamment après l'intro historique qui laissait penser un peu d'ambition épique. Toutefois, là où Shibil m'a le moins convaincu, c'est dans le casting. J'ai rarement eu aussi peu d'intérêt pour des personnages et des héros au destin à priori tragique. L'acteur principal est classieux mais assez peu expressif et son personnage n'arrive pas à être franchement touchant. L'héroïne a du caractère, mais son personnage est mal dessiné et l'actrice, froide, n'arrive pas à rendre l'histoire d'amour qui théoriquement l'anime. Etrangement, j'ai trouvé son amie plus convaincante dans ses sentiments.
Pour moi Shibil reste avant tout une curiosité, mais qui ne dépasse guère ce statut. Pas très bien interprété, pas très original sur le fond, peinant d'ailleurs à vraiment faire sentir l'exotisme bulgare (hormis par les tenues des femmes peut-être), le film n'est pas mauvais, mais sa lenteur, son caractère presque "expérimental" par moment, peineront à susciter l'intérêt des amateurs de vrai cinéma historique. 2.5