Chiant, mais distingué
Sophie Guillemin, connue pour de nombreux seconds rôles en tant que comédienne, passe pour la 1ère fois derrière la caméra. Pendant 76 minutes, elle se fait visiblement plaisir. Mais fait-elle plaisir au spectateur ? C’est une autre paire de manches. Antoine est un cinquantenaire urbain, grand négociant en vin. Un homme en apparence solide et sûr de lui. Un jour, il reçoit un étrange coup de téléphone de Russie - il n’entend qu’un bruit de respiration au bout du fil. Il est persuadé que c’est un appel de Solange, une femme qu’il avait rencontrée quatre ans auparavant à Moscou et qu’il avait passionnément aimée avant qu’elle ne disparaisse de sa vie. Ébranlé par cet appel, Il plaque tout, travail et famille, et part à sa recherche. Un voyage qui l’amène à Moscou, Saint-Pétersbourg, puis dans le grand nord. Il se lance corps et âme dans ses vaines recherches, et les souvenirs passés avec Solange l’obsèdent. Epuisé, au bord de la perdition, il est recueilli par les habitants d’une maison perdue au bord d’un lac gelé : un séjour initiatique qui va le transformer. Une grande vague d’ennui distingué et prétentieux. Sans intérêt.
Construire une vraie histoire à propos de l’amour et de ce qu’il se passe quand on perd cet amour, ou quand on perd l’amour tout court, pourquoi pas ? Honnêtement, le problème central de ce film reste que le personnage principal n’attire pas vraiment l’empathie. On a le plus grand mal à partager ses sentiments, son cheminement psychologique, tout simplement parce que tout est outré et peu plausible. En plus la construction scénaristique tout en flash back – et bien sûr sans chronologie… ce serait trop simple -, nous laisse sur le bord du chemin. Quant au long – trop long - séjour dans cette datcha perdue dans le grand nord sibérien on n’en comprend ni les tenants ni les aboutissants. On nous parle de séjour initiatique ??? Désolé, mais je ne vois pas où est l’initiation. Dialogues approximatifs – quand il y en a -, pas de notion de temps qui passe, pas de début, une fin bâclée, l’acteur principal qui en fait des tonnes dans la dépression larmoyante… trop c’est trop.
Thierry Godard, que généralement j’apprécie, m’a ici profondément agacé. Sophie Guillemin, la réalisatrice – qui est en même temps sa compagne – fait quelques apparitions toujours filmées de manière solaire – bonjour le cliché -. Les autres ne font que passer et à part le numéro du bon pote offert à Bruno Solo, tout le film tourne irrémédiablement en rond. Une qualité tout de même, c’est très court. En une heure et quart tout est dit… mais il n’y avait visiblement pas grand-chose à dire… Tout est dit ! Affligeant de platitude !