Ce petit film d’action pêchu signe le retour de ce qui s’appelle clairement un revenant! L’ancien maître de l’action venu de Hong-Kong, John Woo, avait disparu des radars d’Hollywood après la débâcle de « Paycheck » il y a tout juste vingt ans et était reparti tourner des films de divers genres en Chine (« Les Trois Royaumes » par exemple pour ne citer que le plus connu d’entre eux et distribué dans nos terres). Un grand homme du cinéma d’action souvent copié mais rarement égalé qui nous a quand même offert de sacrées pépites dans le genre, pépites qui ont inspiré beaucoup de cinéastes actuels qui ne se gênent d’ailleurs pas pour le citer. Côté chinois on pense à « Une balle dans la tête » et côté américain au second « Mission : impossible » (qui est cependant celui qui a le moins bien vieilli de la saga) mais surtout à la claque « Volte-face ».
Avec « Silent Night », le septuagénaire fait son come-back avec un petit film plein d’humilité qui prend la forme d’un retour aux sources : peu de budget et beaucoup d’idées. C’est-à-dire avec une série B totalement conceptuelle où il n’y aura quasiment pas une ligne de dialogue et dont le script tient sur un ticket de métro. Une série B d’action forcément où il fait parler la poudre et les poings et laisse sa maestria technique s’exprimer sans qu’aucune interférence dialoguée vienne entraver la beauté de sa mise en scène. Mieux, il démontre la puissance du cinéma par la seule grâce des images et du son. À ce niveau c’est brillant et la démarche est belle.
Certes, depuis vingt ans, il y a eu « John Wick », « Jason Bourne » ou encore un certain cinéma asiatique énervé qui sont passés par là (le complètement incroyable diptyque « The Raid » en est l’exemple le plus frappant). Même la France avec la claque « Farang » récemment s’y est mise. Mais John Woo n’a pas perdu la main, prouvant qu’il peut encore se renouveler et livrer un film d’action bourrin, bien réalisé et moderne. En effet, si les effets et les tics qu’on lui connait étaient souvent mémorables à l’époque de la sortie de ces films, beaucoup ont pris un coup de vieux et font datés voire risibles. Mais il prouve avec « Silent Night », qui ressemble à une séance d’entraînement pour un retour plus conséquent bientôt, qu’il sait encore en mettre plein la vue, innover et surtout qu’il peut clairement affronter la concurrence. Ses séquences d’action sont parfaitement chorégraphiées et lisibles, généreuses en tôle froissée et originales aussi bien dans les combats que dans les fusillades. C’est un esthète de l’action et on le voit ici. On prend un grand plaisir à voir cet homme se venger sans que rien ne vienne parasiter la beauté de l’action et de la violence, si l’on peut parler ainsi.
En action man vengeur, Joel Kinnaman est parfait. Sans une seule réplique, il fait passer toute sa tristesse, puis sa rage et sa colère, grâce à son regard et ses expressions. Tout cela sans en faire trop. Le script de « Silent Night » est d’une simplicité et d’une banalité rare mais ici clairement assumée au vu du concept. On a un homme qui perd son fils en même temps que la voix lors d’une fusillade et qui choisit d’éradiquer les membres du gang responsable un à un jusqu’au big boss plutôt que de se morfondre dans la peine et l’alcool. Pas besoin de plus, juste profiter du spectacle pour le plaisir des yeux (plus que des méninges on vous l’accorde). Et on apprécie que le film prenne le temps de montrer la construction du plan de vengeance ainsi que l’entraînement de la vengeance du personnage sans nous ennuyer (un bon tiers du film). C’est aussi ce qui évite de rendre le tout idiot et de faire passer cet homme comme un super-héros aux notions de combat et d’armement acquises comme par magie. Comme quoi parfois la simplicité, un bon concept, un bon acteur et de l’humilité empêchent une histoire à priori basique de l’être et de nous surprendre par son efficacité.
Plus de critiques cinéma sur ma page Facebook Ciné Ma Passion.