Touda danse et chante au rythme de ses envies, dans les bars, les fêtes de village, les mariages à en faire perdre la raison aux hommes...au risque d’en finir dans une cruelle chasse à la femme au fond des bois... fille de paysans, elle vit dans une petite bourgade de l’Atlas, avec son petit garçon sourd et muet, qu'elle élève seule...Elle veut relever fièrement la tradition des Cheikhates, ces femmes qui osent chanter l’amour, le désir, la transe dans des mélopées nées du cri de textes subversifs, d’amour et de résistance, face à des hommes qu’elles fascinent et qui les menacent... qui sont souvent considérées comme des prostituées par leurs patrons adipeux et par des spectateurs voyeuristes. . En tandem avec son épouse, la réalisatrice Maryam Touzani, qui cosigne le scénario, Nabil Ayouch poursuit son travail de peinture de la société marocaine contemporaine, à travers ce film manifeste à la gloire d’une artiste sublimant son âpre quotidien par sa foi dans l’art de la ghaïta, ce chant pur de révolte de l’âme quand ses employeurs lui demande de chanter de la variété...le film est inscrit son héroïne au cœur d’une nature magnifiée, et dans une contexte social précis, moins marqué que son « Muche Loved » interdit au Maroc pour avoir montré sans fard la conditions des prostituées de Marrakech, et que personnellement je n’avais pas aimé...Nabil Ayouch réalise là, un film fort et beau, il filme les corps au plus près, les souffrances et les exultations, la sensualité, la vie, la liberté. Il déploie cette histoire forte dans une mise en scène tendue, portée par la voix de Touda, dans une cadence proche de la transe...Isrin Erradi, irradie dans le rôle-titre... A la fois fragile et sans concession, refusant d'être une proie, elle reste maîtresse de son corps, de ses désirs, et tente de le rester aussi de son destin, la fin de cette bouleversante histoire restant ouverte ...