Les tissus marocains que l'on touche et dont on admire les couleurs ; la musique et les bruits que l'on entend dans les ruelles de la médina de Salé ; l'odeur de la mer ; le goût des clémentines... Les cinq sens sont à la fête dans ce film. Sensualité et sexualité sont abordées avec une même douceur impressionniste, avec beaucoup de délicatesse et de pudeur. Cette approche sensible permet de rendre explicites les silences et de sonder les refoulés par-delà les tabous d'une société traditionnelle. Les silences de ce film sont beaux. Et les mots de vérité qui jaillissent, vers la fin, aussi. Le portrait de couple, pétri d'amour, d'intelligence et de respect, est émouvant, tout comme l'évocation de l'homosexualité, ode à la liberté d'aimer. Cela nourrit un film toujours juste, toujours simple et fort dans son appréhension de la complexité, même si assez balisé et un peu long. Au global : un bel ouvrage d'écriture et de réalisation, avec trois interprètes principaux aussi sobres qu'intenses.
La mise en scène est sublime, chatoyante, sensuelle, délicate, et le récit joli mais l'ensemble est trop lent et les personnages ne sont pas assez dessinés, on ne s'attache pas. La fin est cependant très émouvante.
Le titre insiste sur la couleur alors que l’appellation « le caftan bleu » aurait mieux convenu à la simplicité de l’histoire de cette tunique qui aurait gagné à être plus ramassée. Il est question d’un travail exigeant, de transmission de techniques en voie d’extinction, de rapports de couple et d’homosexualité, de vie et de mort. Le récit est limpide et nous avons le temps de deviner le dénouement : chaque plan est bien cadré, voire trop cadré, les acteurs gainés ne vibrent pas. L’ensemble m’a paru compassé même si les raideurs, les silences traduisent les non-dits et les blocages d’une société engourdie. On pourrait apprécier ce moment qui nous met en retrait de notre époque tonitruante mais la lenteur sans surprise peut vite tourner à vide sous les répétitions et contredire une majorité d’avis qui louent le raffinement du film à l’image des broderies des tissus magnifiés.
Quel plaisir ce temps ralenti, ces moments dilués, ces paroles à peine audibles, ces regards profonds. Une douceur enveloppe les personnages, qui jouent tout en finesse. La manière de filmer la simplicité de cette vie Marocaine, malgré la complexité des différents sujets évoqués est admirable. La bande son est sur le même registre, présente quand il faut, mais surtout discrète, afin de laisser place aux soupirs. Et quelle photographie, les couleurs vives des tissus côtoient celles délavées des ruelles. J'aurais bien aimé rester encore dans la salle, suivre les aventures de ces personnages. Pour moi ce film est un véritable CHEF D'ŒUVRE, à ne rater sous aucun prétexte.
c'est un film d'une incommensurable beauté. La beauté de l'Amour des êtres , du travail de Brodeur, du tissu... La photographie y est sublime.. La réalisatrice a su filmer avec délicatesse, subtilité, pudeur les questionnements des trois personnages. Les acteurs sont parfaits, la musique est à la hauteur de la réalisation. Un moment magique, je conseille vivement ce film régalez-vous!
Halim est marié depuis longtemps à Mina; ils tiennent ensemble un magasin traditionnel de caftans dans la médina de Salé, au Maroc. Le couple vit avec le secret de Halim, son homosexualité qu'il a appris à taire. La maladie de Mina et l'arrivée d'un jeune apprenti vont bouleverser cet équilibre fragile... Dans ce film d'une belle lenteur, les regards, les silences, les émotions contenues l'emportent sur les dialogues et les mots. Le trio d'interprètes suscitent l'admiration: ils mettent tout leur talent au service de ce huit clos intense et émouvant. La réalisatrice parvient à créer une ambiance feutrée, poétique, sensuelle, d'une grande subtilité. Un film original, fascinant.
Excellente interpretation d un sujet hautement sensible dans le monde musulman. Loin de la provocation ou d un certain voyeurisme, toute la dualité entre ce que l on doit a sa moitie et ses propres aspirations profondes. Beacoup d amour en somme . Difficile d y rester insensible. Et en prime, tout le talent de l artisanat marocain de haut vol .
Un film bouleversant, qui parvient à faire passer énormément d'émotions au détour d'un échange de regards ou du travail d'un tissu. Que ce soit la réalisation ou le jeu des acteurs/actrices, tout est incroyablement juste et touchant dans cette chronique sans prétentions.
Film subtil et beau : de l'image, du sens, du jeu, des musiques. Un régal ! merci Maryam Touzani et toute son équipe. A déguster et garder en mémoire, mais il y restera tout seul
Tout est beau dans ce film.. l histoire , la photo, les acteurs., la musique. l 'amour , la complicité de ce couple avec leur secret. La complicité avec aussi ce jeune homme dans le combat de la maladie de l épouse. .ET ce caftan bleu est aussi d 'une beauté. A NE PAS RATER.
"Le bleu de caftan" est un beau film intimiste, impressionniste dans sa forme car tout en couleur retenue avec un bleu triomphant puisqu'il est la couleur que Mina emporte dans la mort.
Maryam Touzani (née en 1980) traite là encore un sujet de société, l'homosexualité dans un Maroc conservateur et régressif, après s'être attaquée à la prostitution ou au travail des enfants domestiques.
Halim (Saleh Bakari), couturier et passé maître dans l'art de confectionner des caftans brodés dans la petite médina de Salé, vit depuis longtemps avec Mina (Lubna Azabel) qui l'aime et qu'il aime bien qu'il incline différemment. La vie dans une petite ville ne permet guère d'écarts, aux bains parfois, jusqu'au moment où le couple recrute un jeune apprenti, Youssef, qui trouble Halim.
Mina qui est atteint d'un cancer décline irrémédiablement, saisie par la maladie de retour et qui la tue. Halim accompagne sa femme avec beaucoup d'amour vers le départ et la vêt pour son ultime voyage d'un magnifique caftan bleu qu'il destinait à une riche cliente. Il reste, après sa mort, avec son jeune employé Youssef.
Lubna Azabel irradie le film renforçant les clairs-obscurs autour des deux hommes qui s'observent à la dérobée. Le rythme est lent et les répétitions voulues. Il ne se passe pas beaucoup dans le quotidien d'un tailleur et la vie coule doucement entre deux ou trois endroits qui sont la géographie du quotidien. La fin est un peu trop prévisible mais ça ne nuit pas au film, à ses pudeurs et à ses couleurs.
Sélectionné à Cannes dans la catégorie Un certain regard, une pépinière de films bien faits loin du barnum du tapis rouge de la compétition officielle.