Séance suivie d'une rencontre avec la réalisatrice Maryam Touzani. Échange intéressant et riche, entre une femme sincère et un public charmé et séduit.
Le Caftan bleu, une belle histoire , histoire d'amours, pudiques et délicates, pour elle, pour lui, entre eux. Amour aussi pour cette art traditionnel, ce métier de maître tailleur, être le maalenn : celui qui sait, celui qui à le savoir faire ; savoir faire du passé, en voie de disparition et la transmission, la complicité, la passion.
Il y a aussi des non dits , des choses qui se cachent, à peine évoquées et pourtant tout est évidence. Un sujet tabou dans cette ville marocaine, dans cette société maghrébine, l'homosexualité . Le film le suggère sans jamais la nommer, par pudeur sans doute , par peur aussi peut-être ? Peur de choquer ? Le film qui sort au Maroc pourrait être l'ouverture vers un débat. D'ailleurs comme par mimétisme seul un spectateur en fin de débat le prononcera enfin . Surprenant ! L'homosexualité est pourtant clairement le vrai sujet du film. La sensualité est omniprésente dans chaque plan du film. Les images de l'intime, le détail des corps, la lumière qui auréole les objets du quotidien, l'émotion qui passe dans les silences. La caresse sur les tissus... chaque image extrêmement soignée. Et la subtilité du jeu des acteurs : leur humanité, leur délicatesse et surtout la prestation de Saleh Bakri... ses yeux qui expriment la tendresse , le désir et tout s'éclaire. Poésie des images, des gestes, des regards échangés. Caftan bleu , couleur bleue... , l'immensité du ciel , de la mer, symbole de liberté.... la dernière scène au café, tant d'espoir.