Eloigné de ses sujets de prédilection, Claude Chabrol adapte le roman de Pierre-Jakez Hélias et met en scène sur le mode de l'anecdote les souvenirs d'enfance de l'auteur dans sa Bretagne natale, paysanne, enclavée, du début du siècle. Sur un plan formel, le film est avenant comme une dramatique de l'ORTF ou de FR3 Bretagne. Sans doute, Chabrol épouse-t-il par là le dénuement et la rusticité du pays bigouden, et c'est pourquoi on ne lui en tient pas rigueur.
En revanche, son approche naturaliste des us et coutumes, moeurs et croyances, de la Bretagne profonde à l'orée de la Grande Guerre a souvent quelque chose de factice que l'on doit peut-être à l'interprétation insuffisante des figurants amateurs ou à une exposition complaisante, sinon ostentatoire, de costumes, d'outils, de danses et de toute chose d'époque fleurant bon la ruralité et le pittoresque.
Il n'est pas, au fil de cette somme de souvenirs attendris, quelques moments qui ne soient intéressants ou étonnants, mais dans l'ensemble la mise en scène de Chabrol, invoquant la campagne immuable, manque singulièrement d'énergie et de vitalité. Tandis que l'absence d'intrigues et de personnages prégnants empêche sans doute que l'on suive attentivement cette chronique des gens pauvres, de paysans parfois miséreux qui n'ont de cheval, inabordable pour eux, que celui dont ils rêvent.