7ème film Compétition Cannes 2000 : Fin de la trilogie Jamesienne du plus britannique des réalisateurs américains avec cette "Coupe d'or", qui marque le retour de James Ivory, lequel adapte à nouveau un roman d'un de ses auteurs fétiches, après "les Européens" (présenté à Cannes en 1979) et "les Bostoniennes". Après la confrontation des différences culturelles européo-américaines, après l'opposition conservatisme et avant-gardisme, le sujet du nouvel opus en costume du réalisateur interroge cette fois la notion du marriage, de la fidélité et de l'adultère, dans ce récit ayant pour cadre encore une fois la société britannique du début de siècle. Variation sur l'épisode de Parisina de Lord Byron ou de Francesca Da Rimini de Dante (deux histoires d'adultère sanglant dans la famille Malatesta), le film, non sans un certain académisme ou classicisme selon l'humeur bienveillante ou plus critique lors du visionnage, narre un chassé croisé amoureux entre un père et sa fille, et leurs époux respectifs, anciens amants. Le jeu des apparences, des oppositions sourdes entre l'Amérique qui s'enrichit mais puritaine et l'Europe en faillite mais aux moeurs plus libres, est plutôt bien rendue, mais sans un parfum vénéneux qui aurait mieux pimenté l'action, fait jaillir l'usé sous le vernis craquelé de la coupe d'or représentant l'idéal d'une liaison conjugale épanouissante. Le film suit son bonhomme de chemin sans déplaisir mais sans surprise, avec des acteurs solides (et un accent italien assez risible de Jérémy Northam). Reste néanmoins une volonté de civiliser les rapports amoureux, d'assumer pleinement la résignation et le regret amoureux, de pardonner les écarts, le XXème siècle naissant reléguant loin les passions sauvages et sanglantes de l'Italie du Moyen-âge ou de la Renaissance où la jalousie guidait les pulsions meurtrières et de vengeance sitôt l'adultère démasqué.