Il faut avouer que l’on se décide à regarder « In the land of Saints and Sinners » avec un peu d’appréhension et sans grand enthousiasme au vu de la récente filmographie de Liam Neeson. Comme à peu près 90% des gens qui regardent des films, on a tous vu l’un de ses récents projets depuis le carton de « Taken » premier du nom. Un film d’action qui a provoqué la dernière partie de carrière de l’acteur composée quasiment de ces thrillers, polar ou film d’action interchangeables et génériques dont il s’est fait le parangon depuis une quinzaine d’années et sur le tard, à près de soixante ans (!). Avec Nicolas Cage, ils ont tous deux les changements de carrière les plus notables et étonnants qui soient. La plupart des oeuvres du comédien oscarisé irlandais de cette période récente sont, au mieux, des séries B du samedi soir sympathiques et, au pire, des navets sans saveur aussi vite vus qu’oubliés et plus ou moins similaires. Et, ici, quand on voit que c’est Robert Lorenz qui met en scène (un réalisateur avec qui l’acteur a tourné l’un de ces films les plus mauvais, en l’occurrence l’insignifiant « Le Vétéran »), on n’est pas rassuré. Eh bien on a tort, tant ce nouveau film tourné dans la patrie de l’acteur, l’Irlande donc, est bien au-dessus de la moyenne et même un bon film. Plus il avance et plus on lui découvre des qualités et on s’étonne de sa réussite.
Pourtant, le résumé, l’affiche et le réalisateur n’auguraient rien de bon mais dès les premières images on sent qu’on n’est pas dans un « Liam Neeson movie » classique. L’intrigue prend place en Irlande du Nord avec le contexte des actions terroristes de l’IRA où certains de ses membres fuient après un attentat au sein d’un petit village côtier. Une bourgade où officie un commanditaire de meurtres pour lequel travaille le personnage de Liam Neeson. À partir de là, destins vont se mêler entre suspense et drame. Le scénario prend son temps pour installer son décor, ses enjeux et développer ses personnages sans que l’on s’ennuie une seule seconde. Le récit mêle habilement tension et tragédie. Dans « In the land of Saints & Sinners », il n’y a pas réellement de bons ou de méchants, tout n’est pas blanc ou noir, chaque personnage a ses motivations et ses raisons. Les dialogues sont justes et assez profonds et cette histoire présente une galerie de personnages authentiques et nuancés, ce qui devient de plus en plus rare dans ce type de films.
Le charme des paysages irlandais ajoute un cachet certain au long-métrage entre falaises verdoyantes et petit village côtier d’époque. On ressent aussi la tension due au contexte politique et au terrorisme (légitime ou pas) provoqué par les actions de l’IRA. Le casting est impeccable et le jeu d’acteur est vraiment bon, même Liam Neeson semble un peu plus concerné qu’à l’accoutume. Et si on passe l’affaire de la balle perdue qui facilite (un peu trop) le scénario et ses développements pour lancer l’intrigue sur les routes du polar et du film de vengeance, on ne peut qu’applaudir une histoire bien écrite. La réalisation n’est pas extraordinaire mais très soignée et on apprécie le rythme campagnard et agréablement lent de ce film à l’ancienne. « In the land of Saints & Sinners » est une véritable bonne surprise, un polar d’époque à la fois touchant et tragique avec une brochette de très beaux personnages. Une belle surprise qui prouve que Neeson peut encore tenir un bon film notable sur ses épaules.
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