Un très beau film comme Christian Petzold sait les faire: graves, lents, réfléchis. Je dirais même que là, le film met un peu beaucoup de temps à s'installer. On pressent vaguement
qu'on va peut être aller vers le drame
, mais on reste longtemps dans ce "cinéma de copains", insouciants, vivant et aimant au jour le jour que les réalisateurs français pratiquent beaucoup. Par moments, on se croirait chez Rohmer..
C'est l'histoire d'une solitude, celle de Leon (épatant Thomas Schubert!); déjà, il est rondouillard, difficile à vivre parmi des camarades minces, bronzés et sportifs! Et puis, il est écrivain et s'attaque à son deuxième livre -le passage toujours le plus difficile dans une vie d'écrivain! Or, il sait déjà que son éditeur, celui qui l'aide à travailler est très critique; et il va venir discuter avec lui dans quelques jours.
Alors il doit absolument se remettre sur son manuscrit, c'est pour cela qu'il part s'isoler avec son ami Félix (Langston Uibel) dans une petite maison qui appartient à la famille de Félix, juste à côté d'une de ces magnifiques plages de la Baltique -anormalement peu fréquentée, parce qu'il y a des feux de forêt qui ont coupé l'autoroute; au loin le ciel est rouge...
Pas de chance, la mère de Félix avait déjà promis la maison à Nadja, la fille d'une amie, qui occupe ses vacances à vendre des glaces; elle a des nuits agitées, et.... est très jolie: c'est Paula Beer. Il y a encore le maitre nageur (-sauveteur, il y tient beaucoup..), David, beau comme un maitre nageur (Enno Trebs).
Leon s'enferme dans sa solitude et sa mauvaise humeur; il va dormir dans le jardin, il ne suit pas les amis à la plage, il doit travailler. Mais il ne travaille pas: il tape vaguement sur une balle, et devant son ordinateur ouvert... il s'endort. Même son organisme est au refus! Felix, lui, qui doit présenter un projet pour être admis aux Beaux Arts, a trouvé un très bon filon, très ludique: photographier les estivants regardant la mer, de dos et de face. Même si Nadja lui démontre l'idiotie de son projet (quand il les photographie de face, ses cobayes ne regardent plus la mer mais le photographe...)
Voilà, on ne peut pas en dire plus, mais c'est très beau, lorsqu'on aime le cinéma intelligent et méditatif