On le pressentait déjà avec le pas terrible du tout « Bronx » pour Netflix et c’est validé avec ce sympathique et très bourrin « Overdose » dévolu à la concurrence représentée par Prime Vidéo: Olivier Marchal a délaissé ses hautes exigences cinématographiques, et donc artistiques, en signant ce qui s’assimile plus à des produits pour des plateformes de streaming. Lui qui avait réalisé de très grands films policiers comme « 36 quai des Orfèvres » ou « Les Lyonnais » s’était d’ailleurs un peu perdu récemment avec un film moins réussi comme « Carbone ». Certainement une envie de se laisser aller, de subir moins de pression et de confectionner des longs-métrages moins ambitieux et exigeants mais plus permissifs. Ou alors c’est une perte d’inspiration et/ou de talent qui se matérialise donc avec ce passage d’un cinéma ample et populaire de haut niveau à des séries B certes distrayantes mais assurément bêtes et méchantes.
Si on l’inscrit dans cette catégorie (celles des séries B), « Overdose » est plutôt une réussite et il fait passer un bon moment. On pourrait même dire que c’est une série B de luxe même si Marchal passe de castings de prestige comme Depardieu, Auteuil ou Reno à des acteurs de seconde zone qui font plus (Sofia Essaïdi, Nicolas Cazalé, ...) ou moins (Philippe Corti, Kool Shen, ...) bien l’affaire. Le budget est là et l’intrigue, si elle ne révolutionne pas le genre, se suit avec plaisir. Et de ses excès un peu fous à son réalisme brut et brutal, il est loin du navet que certains laissent à penser. On regrette des scènes d’action trop rares et pas toujours très réussies (les poursuites en bagnole sont très molles et mal montées) et une intrigue secondaire qui rejoint la principale de manière quelque peu forcée et capillotractée mais, on l’accorde, la rend un peu moins banale et mystérieuse. Et puis il y a ces clichés, virils ou vulgaires, propres aux films de gangsters fantasmés qui sont parfois un peu poussifs ici. Mais Marchal clame que c’est la réalité, alors on le croit.
« Overdose » est en revanche fascinant dans sa violence sèche, extrême et sans concession. Son réalisme pur et brut il le tient là, en n’épargnant rien ni personne (ou presque). Le long-métrage d’Olivier Marchal dure tout de même près de deux heures que l’on ne voit pas passer, les répliques vulgaires mais indiquées fusent, se substituant aux coups de poings et aux coups de feu dans un vacarme incessant. Il y a peut-être quelques invraisemblances narratives (dont l’évasion d’un des brigand) mais pour ce qui est de la logistique, du langage policier et des opérations, on sait très bien que les films du cinéaste (ancien flic) sont d’une véracité sans faille. On alterne donc le très bien et le très mauvais dans un grand barnum bruyant, parfois agaçant, mais qui va au bout de ce qu’il est : une série B testostéronée et mal élevée parfaite pour un samedi soir autour d’une bière.
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