S'inspirant du roman "Mortels Trafics" de Pierre Pouchairet, Olivier Marchal (36 Quai des Ofèvres, Les Lyonnais, Bronx...) nous offre un très grand moment de cinéma en nous livrant un polar réaliste, âpre et brutal.
Synopsis :
Parce que l'ADN d'une femme et de ses enfants, retrouvés assassinés à Paris, correspond à l'ADN d'un membre du crime organisé implanté en Espagne, un Flic de la Brigade des Stupéfiants de Toulouse et un Flic infiltré doivent collaborer avec un membre de la Police Judiciaire de Paris.
Leur objectif commun est d'arrêter le responsable de ces meurtres atroces et de démanteler ce syndicat du crime qui organise des transports de drogue dont le dernier s'est avéré sanglant.
Dès les premières images, le réalisateur et scénariste nous plonge immédiatement dans une ambiance de vitesse, de marginalité et de violence, celle-ci accentuée notamment par la musique RAP.
Ainsi, il met en avant l'image d'un syndicat du crime moderne, organisant des transports illicites (en voiture) consistant à échanger de l'argent contre de la drogue puis à la convoyer jusqu'à destination.
Ces convois, nommés aussi Go-Fast, se réalisent en trois étapes qui sont minutieusement préparées, structurées et coordonnées.
Au tout début du film, le spectateur peut ainsi prendre conscience de l'organisation qui est mise en place pour réaliser un Go-Fast efficace :
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Étape 01 :
On assiste à une cargaison de drogue, transportée par bateaux, en provenance du Maroc.
Son arrivage s'effectue directement sur les plages espagnoles en plein jour.
Les scénaristes mettent ainsi en évidence que la présence de personnes civiles peut dissuader voire empêcher toute potentielle intervention policière, de crainte que ces mêmes individus deviennent des dommages collatéraux car pouvant être pris à partie lors de potentiels échanges de tirs.
Étape 02 :
L'étape suivante est ensuite repensée, réfléchie et préparée scrupuleusement.
Le convoi motorisé est composé de deux motos servant d'éclaireurs, de deux voitures qui libèrent la voie de tous éventuels obstacles routiers et la dernière voiture est celle qui transporte la cargaison de drogue.
Tout au long du trajet, la communication entre chaque membre est assurée par le biais de téléphones portables intracables et aucun des transporteurs ne peut dévier de l'itinéraire sous peine de représailles et/ou de freiner le délai de livraison.
Étape 03 :
Pour les mêmes raisons que celles établies durant l'échange de marchandises en Espagne (argent contre drogue), la livraison s'effectue en pleine journée, dans un endroit peuplé de civils. Elle est partagée en deux parties à savoir une moitié en partance pour le sud de la France et l'autre moitié à destination de Paris.
Malgré le côté illicite, illégal et dangereux de la situation, on reste subjugués voire impressionnés par une organisation aussi rigoureuse.
Le titre prend toute sa signification lorsqu'un membre de l'organisation fait une Overdose.
À ce moment précis, tout le plan va basculer voire déraper, échappant au contrôle du chef.
On comprend que le rythme du film va alors prendre une tournure encore plus noire, violente, malsaine, brutale voire inhumaine.
De manière crescendo, on assiste à une montée incroyable de la violence :
- L'exécution de certains membres des forces de l'ordre espagnoles lors d'une interpellation, les obligeant à changer d'itinéraire et de lieu de livraison.
- L'assassinat de l'hôte qui leur "offrait" un abri pour la nuit.
Tout au long du film, on va être témoins du funeste destin qui attend chaque membre de cette organisation criminelle, ceux-ci terminant soit en prison soit exécutés.
Le rythme est donc très réaliste.
Il nous glaçe par sa véracité tellement il met en relief une atmosphère sombre, saisissante de violence, haletante par ses multiples rebondissements et dangereuse voire malsaine tant l'espérance de vie peut être limitée dans le temps pour chaque protagoniste.
Les personnages incarnant les membres du crime organisé sont sans état d'âme et n'hésitent pas à employer la violence (exécutions, tortures et vengeances) sans ressentir la moindre émotion, la moindre empathie.
Ils sont dénués de tout sens moral, agissant comme des bêtes, ce qui les différencie justement des membres de la Police.
Les policiers sont décrits comme des humains dont le métier commence à les impacter émotionnellement et à les fatiguer moralement.
Ils sont confrontés à une violence accrue qui les affecte nerveusement.
Alors que les membres du cartel sont déférés au parquet de justice, ils profitent d'une circulation dense pour tenter une évasion.
Vue la dangerosité de la situation, on assiste certainement à une incohérence scénariste tant le convoi de prisonniers n'est pas totalement sécurisé et coordonné par une unité tactique.
On s'aperçoit aussi de la retenue des policiers lorsqu'une fusillade éclate à cet endroit fréquenté par des automobilistes. Afin d'éviter de lourdes pertes humaines, les policiers n'engagent pas une riposte aussi percutante que peuvent l'être les assauts des criminels.
En effet, ceux-ci sont représentés comme étant des monstres qui n'hésitent pas, un seul instant, à les asséner de rafales de tirs, se moquant de blesser toute personne.
Néanmoins, le réalisateur et scénariste nous dépeint des policiers qui peuvent rapidement oublier leur sens moral ainsi que la légalité de leur profession vue qu'ils sont (trop souvent) en proie à une (trop) grande retenue et à une fatigue nerveuse bien trop importante.
Les questions suivantes se posent alors :
- Face à des criminels faisant preuve d'une telle cruauté, ne faut-il pas des flics qui soient à la limite de la marginalité, faisant l'impasse sur la légalité et le sens moral imposés par leur métier ?
- Est-ce que cette manière de procéder ne les emmènerait-elle pas vers un gouffre sans fin en leur enlevant leur part d'humanité et en les faisant ainsi basculer littéralement de l'autre côté de la loi, des aspects qui les différencient justement des criminels qu'ils combattent ?
Tout au long du film, on prend conscience de toutes les précautions auxquelles doit avoir recours un policier infiltré au sein d'une organisation criminelle.
Pour se préparer au mieux à sa mission d'infiltration, celui-ci doit :
- Se munir d'un téléphone portable prépayé intracable.
- Planquer et allumer régulièrement une balise GPS afin que ses collègues puissent le localiser à tout moment et veiller à sa sécurité.
- Changer radicalement d'apparence physique et modifier différents traits de caractère, altérant ainsi sa propre moralité, afin de gagner un minima la confiance des membres du cartel.
Durant sa mission, il est obligé de prendre des risques majeurs en agissant dans l'ombre, à l'abri des regards, sans se faire surprendre pour :
- Transmettre des informations propres à une future transaction.
- Communiquer des données GPS correspondant aux lieux de livraison.
- Préserver les civils de tous potentiels dangers.
On assiste malheureusement aux conséquences dramatiques et sauvages, qu'encoure la prise de tels risques, entre tortures agonisantes et exécutions sans état d'âme.
Le contenu du film est très réaliste mais l'interprétation des personnages principaux (Sofia Essaidi et Assad Bouab) peut paraître justement trop monotone au vue du déroulement de l'histoire.
On aurait pu souhaiter une interprétation plus tendue, plus agressive et montrant des émotions plus palpables tout au long du métrage tel qu'on peut les ressentir à la fin du film.
Le personnage le plus marquant reste celui incarné par Alberto Ammann en bras droit du crime organisé tellement il est cruel, sans aucune pitié, sans la moindre émotion et sans aucun sens moral vis à vis de qui que ce soit.
Il est impressionnant de cruauté et glacial de par la violence de ses actes.
Olivier Marchal nous offre un film policier âpre et captivant, avec un scénario très bien travaillé mettant en relief trois enquêtes s'entrecroisant dans une seule et même enquête de stupéfiants.
Que ce soit au niveau de la réalisation ou au niveau de l'originalité scénaristique, il ne cesse de s'améliorer.
On a qu'une seule hâte, celle de revoir un de ses prochains films.
Ne pourrait-on pas découvrir un futur film qui combinerait un scénario d'Olivier Marchal, une réalisation de Cédric Jimenez et des acteurs de la trempe de Philippe Bas et/ou de Gilles Lellouche en flic sombre et téméraire ?
Ma note :
Captivant
5/7.