C’est certain, y a beaucoup à dire sur ce scénario mais comme c’est un premier film, j’opte pour une certaine bienveillance envers Paul Doucet, le réalisateur.
Tout metteur en scène a le droit de sortir du costume tiré à quatre épingles, entendez obsédé par la dictature de la réalité ou du réalisme comme la venue de la famille de Daniel, un des quatre pilotes, pour profiter d’une perm en famille. Et ce, dans un Mali de plus en plus sous emprise islamique à dominante terroristes.
J’ai du mal à imaginer que l’armée accepte que des familles viennent passer un petit séjour dans des pays gangrénés par des islamistes. Même sous bonne escorte.
Paul Doucet se moque de la réalité, il fait du cinéma, tant mieux pour lui ; le cinéma a cette capacité de ne pas toujours refléter la réalité.
C’est avant du divertissement et basta !
Accepter le postulat ne signifie pas pour autant intérêt. Toutefois, à mon grand étonnement, le film fonctionne relativement bien dans le crescendo de l’intensité.
Et dans sa forme aussi avec ses multi écrans qui composent l’essentiel du format ponctué d’interventions extérieures.
En soi, j’ai consenti à beaucoup de concessions pour vivre intensément la situation de Daniel,
déchiré entre les injonctions des terroristes auxquelles il devait se plier pour tenter de sauver sa famille maltraitée et son devoir.
Au postulat de départ, s’ajoute une direction d’acteurs déplorable. J’ai envie d’être indulgent avec Paul Doucet, mais il a tout intérêt, selon moi, de progresser pour faire avaler l’invraisemblable. Si le jeu des terroristes est assez léger, celui de l’actrice Françoise Miquelis (Bouvier) qui commande les opérations militaires, est insupportable ! Pour chaque apparition, elle décrédibilise le récit. C’est malheureux à dire : elle mériterait d’être rétrogradée !
Enfin, je salue le réalisateur qui est allé au bout de son propos. Ça pose question nécessairement mais ces choix me paraissent pour le coup réalistes.
Et la dernière séquence est brutale avec cette phrase malheureuse de Rayan, autre pilote, content d’avoir accompli son devoir…
PS : Accessoirement « Pilote » me fait penser au documentaire «Il n’y aura plus de nuit », et là pour le coup, le documentaire fait plus froid dans le dos que cette fiction. Inutile de comparer l’incomparable…