Quoi de mieux que le Bureau des objets trouvés pour débuter une enquête, en marge de la police, éventuellement, sur le contenu macabre d'une valise, par exemple ? Tous les ingrédients du film noir semblent réunis, de même qu'un héros au passé nécessairement trouble, en attendant une femme qui sera fatale, comme de bien entendu. Le problème est que La Maleta (traduction "française" de Objetos) ne transcende jamais les clichés du genre qu'il utilise et se contente d'un enchaînement de circonstances, plus ou moins tirées par les cheveux, à la remorque d'un personnage principal, certes attachant de par son côté obscur, mais néanmoins agaçant par sa propension à se mêler d'affaires qui ne le regardent pas, ce sans quoi il n'y aurait pas de film, il est vrai. Toute la production espagnole ne franchit pas les Pyrénées et n'y parvient que la crème du cinéma ibérique, les Almodovar, Amenabar, Sorogoyen et consorts, dont le niveau est largement supérieur au long-métrage de Jorge Dorado, cinéaste madrilène dont l'expérience vient surtout de la télévision. La Maleta n'est pas déplaisant à suivre, en dépit d'une mise en scène très terne, eu égard à ses nombreux rebondissements et à son dénouement, classique, mais malin, qui ressemble assez à ce que le cinéma américain proposait dans les années 40 et 50. C'est peut-être ce qui manque le plus au film, à bien y réfléchir, une véritable identité espagnole.