L'intérêt principal de "Excalibur, l'épée magique" réside dans dans sa situation : il s'agit du premier long-métrage animé pour le studio Warner Bros ! Par ailleurs il s'agit plus ou moins d'une adaptation (très libre) des mythes et légendes arthuriennes, en particulier de la légende d'Excalibur et du Roi Arthur. Je ne reviendrais pas sur la création chaotique de ce long-métrage, car ce ne serait que répéter ce que le site Planète-Jeunesse a déjà très bien expliqué auparavant et dont je vous invite à aller consulter l'analyse de ce pas. A la place, je préfère vous démontrer à quel point cette situation inconfortable lors de la production a conduit à un film d'animation caduque, désordonné et confus. Car "Excalibur, l'épée magique" manque cruellement de cohésion, il ne semble jamais se décider sur ce qu'il veut apporter au spectateur. Cruel paradoxe, malgré une histoire passablement dispensable, tout comme faussement compliquée (alors qu'elle reprend des idées au roman "The King's Damosel" inspiré d'une légende arthurienne et écrit en 1976 par Vera Chapman), le long-métrage parvient tout de même à se révéler souvent attachant. Pourtant, le film passe surtout son temps à construire son intrigue en piochant des éléments et des idées sans trouver le juste équilibre ni la moindre consistance. Si bien que d'un bout à l'autre, "Excalibur, l'épée magique" semble construit par de nombreuses séquences indépendantes simplement reliées par un bien trop mince élément conducteur : ramener Excalibur à Arthur. Point à la ligne. On retrouve ce problème de cohésion à tous les niveaux dans le film. Du côté de l'animation par exemple, le film alterne entre des scènes magnifiquement animées, avec un design inspiré et des arrières-plans riches en détails, tandis que d'autres fois, "Excalibur, l'épée magique" part dans des délires visuels aussi pauvres qu'inintéressants à regarder, sans compter les erreurs manifestes (apparition et disparition de petits détails, dont la plus agaçante est le clignotement des pupilles des yeux des personnages). Quand le long-métrage de Warner Bros a épuisé ses maigres propres idées, il va jusqu'à recycler des scènes piquées à la concurrence. On s'étonnera à peine de voir Kayley courir à travers une forêt glauque comme Blanche-Neige, de faire ouvertement penser à Albéric et sa forme maléfique pour le duo Ruber/Griffon, de découvrir un dragon bicéphale excentrique multipliant les transformations improbables comme le Génie, de suivre une cérémonie magique autour d'un gouffre comme le faisait le Prince des Ténèbres devant son chaudron magique, sans oublier d'entendre un aigle qui a strictement la même voix qu'Abu. Des exemples comme ça, il y en a à la pelle dans ce long-métrage. La bande originale ne connaît pas meilleur traitement puisqu'elle n'a, elle non plus, absolument aucune uniformité. "Excalibur, l'épée magique" s'ouvre sur une chanson à peine déguisée rappelant fortement "L'histoire de la Vie", Ruber nous chante son plan machiavélique de la même façon que Scar, Kayley nous raconte qu'elle souhaite une nouvelle vie comme Belle, tandis que le duo vedette nous ressortira l'obligatoire chanson romantique au moment où les tourtereaux apprennent à mieux se connaître. C'est du pur plagiat disneyen en somme. Malgré ce constat, tous ces éléments combinés ne font pas de "Excalibur, l'épée magique" un mauvais film. Même si l'animation est inégale, reconnaissons que le long-métrage est relativement soigné dans l'ensemble. Les personnages sont agréables à regarder, leur animation est fluide. Parmi les originalités du film, accordons même une excellente note à Garrett, premier héros animé aveugle que je connaisse jusqu'à présent, traité avec justesse comme un égal de tous les autres personnages. Hormis quelques séquences franchement inutiles à l'intrigue, l'enchaînement des scènes se passent sans heurt et le film s'offre même parfois de belles mises en scène. L'utilisation des séquences animées par ordinateur est également très judicieuse puisqu'elle se confond parfaitement avec le design général du long-métrage. Malgré leur globale inutilité dans le récit (particulièrement "Si je ne t'avais pas"), lorsque l'on se prend d'envie de considérer les chansons du film comme complètement autonomes par rapport à l'intrigue, alors plusieurs d'entre elles vont longtemps vous rester en tête comme "Moi, je vis seul", "Je vois tout ça dans tes yeux" ou encore "Les chevaliers de la table ronde". C'est regrettable que la plupart d'entre elles n'aient pas de légitimité particulière, sans compter l'incohérence manifeste avec ce qui se passe à l'écran, à l'image de "Tendez-lui la main", une belle chanson pleine de mélancolie qui accompagne pourtant une course-poursuite effrénée ! Tout cela semble peu logique, n'est-il pas ? Tout cela combiné me conduit à penser que "Excalibur, l'épée magique" manque de consistance, de cohérence et, surtout, d'explications. Le scénario du film nous laisse globalement dans le flou le plus total sur les buts et aboutissements des protagonistes du récit qui nous sont pour la plupart à peine présentés. On lui concédera cependant d'être dans l'ensemble relativement bien animé, de proposer quelques belles chansons et de proposer un duo de personnages finalement attachant. Au final "Excalibur, l'épée magique" est simplement un film mal né, mal conçu, foncièrement imparfait et, surtout, un véritable acte manqué en raison du peu de considération des décisionnaires à son encontre. Cependant notre jeune héroïne principale Kayley est immédiatement attachante, au même titre que ses compagnons de fortune, l'aveugle Garrett et le dragon à deux têtes Devon et Cornouailles, ceux-ci s'apparentant vite au Génie du "Aladdin" de Disney de par leur humour décérébré et leurs références culturelles anachroniques ("Tex Avery", "Le Roi Lion", "Godzilla" et même des artistes que seuls les adultes reconnaîtront comme Elvis Presley ou Cher). D'ailleurs, en parlant de ça, "Excalibur, l'épée magique" se rapproche énormément d'une production Disney, autant par ses graphismes, ses codes du genre et surtout un nombre imposant de chansons (quasiment une dizaine) qui nuit gravement au rythme du long-métrage, ce qui le rend au final très inégal. Autres défauts, il y a quelques personnages très originaux hélas sous-exploités (Brise-bec le coq-marteau, le Griffon de Ruber ou encore les sbires mécaniques de celui-ci) et une audace visuelle ratée en la présence d'un ogre animé en 3D du plus mauvais effet. Ceci dit, outre ces baisses de rythme et ses petits défauts, ce long-métrage d'animation s'avère extrêmement plaisant et nous fait passer un bon moment à défaut de rester dans les mémoires. C'est vraiment un bon film d'animation magique, divertissant et attachant, un bon dessin animé plaisant à l'ancienne qui est quand même à conseiller et à découvrir sans plus attendre