Il est sage de s’armer du visionnage de « White Snake » avant d’attaquer cette suite, qui pousse Amp Wong à prolonger le délice visuel d’un premier volet onirique. Et il n’ira pas chercher du côté de Tsui Hark pour investir cette aventure en solo de Verta, qui attend un destin aussi tragique que sa sœur Blanca. Ce sera sans surprise que l’on détourne un peu le récit vers les motifs qui ont fait le succès de « New Gods : Nezha Reborn », sur la même plateforme qui accueille les dernières productions de Light Chaser. Pas de grand écran malheureusement pour ce qui explore un peu plus les dilemmes d’une femme, qui n’a cessé de repousser les humains et autres démons, qui sont entrés en conflit avec son cercle familial. Le succès de la sœur blanche, dont la pureté finit par trouver la paix, conduit ainsi celle vêtue de vert à confronter la perdition et désolation, dans un univers bien particulier.
C’est le méli-mélo idéal afin de croiser les époques, sorte de brèche temporelle, où des âmes perdues, s’affrontent pour la domination et la survie. Pourtant, les motivations de Verta, propulsée dans ce monde, la lient à sa sœur, également perdue dans les limbes. Le post-apocalyptique sera le décor privilégié de cet opus, qui laisse la nature sauvage et florale derrière lui. Verta semble ainsi bien loin d’un environnement qu’elle maîtrise et le spectateur sera également mis à l’épreuve dans cette prise de risque, ambitieuse et qui n’évite pas certains clichés. Là on l’on se penchait sur la cohabitation entre deux espèces, ici on l’impose, comme contexte et comme base afin de provoquer plus de déluges qu’auparavant, à coup de courses-poursuites, sur terre ou dans les airs, à pied ou à moto. Bref, le récit convoque la créativité, avec autant de fluidité que précédemment, mais s’emballe peut-être un peu trop avec son récit qui ne ralentit jamais.
Le décor change, la météo également et de nouvelles menaces communes apparaissent. La touche de modernisation vient radicalement trancher avec le film précédent, où le folklore peine à se manifester, du moins dans son enrobage huileux et lissé. Seule l’artisane démon-renarde, fait office de passerelle à travers les œuvres et les Âges, tout en continuant d’apporter de l’éclairage sur les nombreuses malédictions rencontrées, où les héros font face à leur passé, qu’ils redoutent ou qu’ils ont oublié. Verta doit en permanence trouver le partenaire ou le binôme idéal pour avancer dans sa quête. Réduite à la seule volonté, voire obsession, qu’elle possède encore, il n’y a plus seulement l’amour pour sa sœur qui la sauvera. En se perdant dans cette dimension, elle prend également le temps de se redécouvrir et de déterrer des valeurs émotionnelles qu’elle a longtemps refoulé, derrière son âme téméraire et guerrière.
« Green Snake » (White Snake 2 : The Tribulation of the Green Snake) lui fait une ode avec un dynamisme que son prédécesseur exploitait avec la finesse d’une plume. Ce sera donc avec un peu plus d’action, que l’héroïne apprendra la patience, la tendresse et la confiance. Le récit s’étire sans doute un peu trop, afin de laisser un sentiment de générosité au spectateur, déjà attentif aux diverses références que l’on sert sur un plateau de jade. Et en même temps, cette densité permet aux animateurs de tester leurs limites et de les repousser dès que possible. Ce qui peut décevoir en revanche, c’est bien ce surplus, qui dilue la tragédie d’une Verta qui se découvre une nouvelle force et un nouveau sens à son existence.