Avez-vous vécu un moment de votre vie à faire et dire n'importe quoi ? Comme par exemple dire "un homme n'est pas un homme tant qu'il n'a pas fabriqué une chaise", puis faire une chaise.
Peu importe pourquoi ni combien de temps ça dure, l'essentiel étant de faire les choses différemment, et juste quand les idées surgissent (il faut "démarrer avant que le doute ne ramolisse la motivation"). Ce faisant, au bout du compte, au bout de la journée ou du mois, est-on dans la création artistique ? Le héros de notre film (Pierre Niney) en est convaincu.
Il faut être un peu comme lui pour comprendre, voire aimer ce film. D'ailleurs, il y a des gens que ça repose, qui se sentent libres de délirer aussi dans le voisinage d'un délirant... Sinon, vous serez largué avec ce film, voire énervé. Un peu comme ceux qui côtoient notre héros et qui finissent épuisés. A moins d'avoir l'esprit tourné comme Blanche Gardin, qui en reste gentiment à un "je sais pas pourquoi je participe à cette conversation", et puis va faire un somme.
Fait-on œuvre d'art à délirer ? D'une certaine façon oui, même et surtout sur des sujets sérieux. Mais tout dépend du ciment. Notre héros lui-même s'en remet au montage, au spectateur lors la première de son film. Nous, en tant que spectateur du film qui le raconte, c'est un peu pareil. Et pour le coup, on note, mais on ne s'enflamme pas. Il y a trop de délires, pas assez développés. Il manque comme des émotions. Ou alors on surjoue. À moins qu'il ne se soit agi de thérapie et non d'œuvre d'art (mais dans ce cas, le film manque d'informations sur le passé du héros).
Avec ce film, on s'attendait à réfléchir sur soi, ou sur quelqu'un qu'on connait, qu'il s'agisse de thérapie existentielle ou de création artistique. Mais à part quelques moments hilarants, et l'excellente scène où notre héros se crée et se croit chef d'orchestre, on est resté sur notre faim.
A.G.