Adilkhan Yerzhanov, le Aki Kaurismäki kazakh, tourne régulièrement et c'est en soi un petit miracle, eu égard à la singularité de son cinéma, au minimalisme intense, parfois ponctué d'accents de violence. Ce dernier aspect est absent de l’Éducation d'Ademoka, quoique, en définitive, cela se discute, sous une forme poétique et symbolique, qui désarçonne dans un premier temps, avant que la cohérence de l'ensemble apparaisse clairement. Il était donc une fois, au Kazakhstan, une jeune réfugiée aux cheveux rouges, ostracisée et réduite à la mendicité, dont la soif d'éducation se heurtait aux barrières d'un système pourri jusqu'à la moelle. A sa manière, surréaliste, le film fait acte de militantisme, pour l'accès à l'art, en général, et à la littérature,en particulier, pour l'égalité des chances, contre la corruption et le pouvoir de l'argent. La jeune fille aux cheveux rouges et son mentor, un enseignant déclassé et alcoolique, rejouent une version baroque de My Fair Lady, avec moult citations de Shakespeare, Gogol ou Nabokov, à la clé. Le film a des allures de happening géant, l'installation des décors se faisant au fur et à mesure, et toujours à ciel ouvert. Des partis pris de mise en scène qui engendrent une côté burlesque qui se marie assez bien avec le sérieux des messages convoyés par cette radiographie ironique et néanmoins efficace des dérives de la société kazakhe.