le film de Tiburce "De l'autre côté du mur" ne ressemble vraiment à aucun autre. Tout en étant 100% français, on le croirait sorti tout droit des univers de David Cronenberg et de David Lynch... Normal me direz-vous, "Eraserhead" est l'un des films favoris du réalisateur. La décomposition du temps, l'étude minutieuse des gestuelles de la vie quotidienne, l'aliénation ressentie par les personnages du couple en perdition et en proie à la frustration et à l'incommunicabilité, le traitement de l'image et du son, en font une œuvre tout à fait impressionnante d'un point de vue cinématographique où se mélangent à la fois le fantastique et le thriller. Véritable thérapie pour le spectateur qui n'en sort pas indemne, chacun y trouvera un bout de sa propre existence enfouie au plus profond de l'inconscient. "De l'autre côté du mur" est un film qui vous happe de la première à la dernière image. Pour peu qu'on se laisse entraîner dans l'univers fantasmagorique du cinéaste, le film rappelle aussi le Cocteau du "Sang d'un poète" de par son aspect fantastique-poétique, genre rarement exploré par le cinéma français. L'expérience que le film propose, quasi hypnotique, est menée avec un vrai savoir-faire notamment sur le plan du montage et des effets spéciaux, assurés par le réalisateur lui-même. Le film mérite vraiment d'être vu, ne serait-ce que pour sa proposition en dehors de tout ce qu'on a l'habitude de voir. Mention spéciale aux acteurs, tous excellents : Etiève Léna, récompensé par un prix au festival de Lisbonne, Karine Loriau pour sa présence électrique, sans oublier Sylvain Pierre et Francois Guliana Graffe, particulièrement savoureux.