Film muet anglais sorti en 1927, The ring (trad. Le cercle, titre français Le masque de cuir) est l’un des tous premiers films d’Alfred Hitchcock. Le thème principal est celui d’une trilogie amoureuse : une jeune femme, fiancée à un boxeur de fête foraine auquel s’affronte le public masculin qui l’ose, s’éprend d’un champion de boxe qui défait son promis. Le manager du champion propose néanmoins au vaincu un contrat, qui amènera le jeune couple à fréquenter régulièrement le poids lourd, un rapprochement dangereux qui amènera désir et son pendant, la jalousie…
Etonnamment, alors que The Lodger, son précédent film, recelait déjà de nombreux éléments que le réalisateur exploitera avec une fidélité quasi obsessionnelle dans l’ensemble de son œuvre, The ring ne s’identifie guère d’emblée comme un film hitchockien. Exit le suspens, la blonde glaciale sous laquelle sommeille un volcan, l’innocent inculpé… Seul son humour transpire toujours dans ce long métrage : le cintre rattaché au short de celui qui éponge le boxer, le champion tombé à terre devant lequel la coulisse d’un trombone s’anime, la moue des invités qui s’apprêtent à déguster du champagne mais apprennent qu’il leur faut attendre, les deux sœurs siamoises lors du mariage qui indiquent les bancs opposés auxquels elles veulent s’asseoir, et tant d’autres…
Hitchcock tente également différents effets cinématographiques non dénués d’intérêt, telle la distorsion de l’image à travers l’œil du convive saoul au banquet du mariage, ou en illustration d’une scène imaginée par l’un des personnages. Le parallèle entre la mise d’un bracelet à la jeune femme par le champion, et la poignée de main contractuelle entre le manager et sa nouvelle recrue, est d’une intelligence vraiment rare : ces deux actions lient les destins des protagonistes de manière antagoniste. De même, le pétillant du champagne qui disparaît symbolise très bien l’attente déçue, tout comme la scène de danse des années folles contraste avec l’enténèbrement mental du nouveau jaloux.
The ring est donc un film qui a plusieurs qualités intrinsèques, tant qu’on n’y projette pas des attentes liées au cinéma d’Hitchcock. Il demeure cependant peu marquant, et rencontrera un succès bien moindre que The lodger. Peut-être ceci explique-t-il le recours récurrent par Hitchcock dans la suite de ses films aux éléments qui ont contribué au succès de celui-ci.