Cléo, 6 ans, est éduquée par une nounou capverdienne. Toutes les deux ont un attachement fort. La nounou, aux enfants laissés au pays pour gagner sa vie en France, vit une relation maternelle de substitution. Elle connaît bien son rôle auprès de la petite fille, une passagère de son enfance, mais l’affection est réelle et bien sincère. Dans la tête de l’enfant, c’est différent ; Gloria est une mère de substitution ; la sienne ayant disparue. Et c’est la première partie du film, nous montrer les liens sentimentaux, l’amour profond quasi maternelle, entre deux êtres de familles et de cultures différentes. L’amour transcende toutes les frontières, un miracle de l’innocence de l’enfance.
Puis, car c’est un mélo ; la nounou doit retourner au pays ; c’est la séparation et le déchirement. La seconde partie va nous entrainer au Cap-Vert durant les vacances d’été et ce qui sera les adieux entre ces deux-là. Arrivée là-bas, Cléo découvre une autre Gloria, entourée des siens, de sa famille. Famille dans laquelle elle a toute sa place même si la rancœur tenace bien compréhensible du fils cadet de Gloria vient ternir, de manière réaliste, le tableau. Le film veut montrer au-delà de l’attachement, le sacrifice de devoir quitter ses enfants, les voir élever par d’autres pour élever ceux des autres dans d’autres pays. Jamais larmoyant, ce film montre une belle facette de ces histoires de vie dans lesquels les droits de l’amour et de l’affection sont supérieurs à ceux du sang. Tout cela avec toujours beaucoup de pudeur et de retenue jusqu’à une fin qui serre la gorge.
Pour comprendre l’histoire respective de Gloria et Cléo, dans ce premier film autobiographique, la réalisatrice utilise systématiquement les séquences animées d’un esthétisme et d’une poésie incroyable ; poésie qui irradie tout le film. Et les deux actrices non professionnelles sont lumineuses, bouleversantes ; filmées avec une forme de naturalisme que l’on peine à croire que ce n’est pas leurs histoires que l’on nous conte. Et dernière qualité du film, sa concision ; un peu plus de 1h20 qui ne laisse qu’un petit coup de mou à mi-parcours avant d’attaquer son final.
Ce film foudroie par sa douceur, sa tendresse, sa délicatesse, sa simplicité, son humilité et sa pureté… Un bon cru 2023
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