Politiciens à la colle
Bien sûr, comme beaucoup, depuis Groland à la grande époque de Canal +, j’adore l’esprit de Gustave Kervern et Benoît Delépine. Leurs films, de Mammuth à Effacer l’historique en passant par Feel Good ou Le Grand soir, ne m’ont jamais déçu. Reste que ces nouvelles 108 minutes de comédie politico-absurde ne feront pas pour moi partie de leurs meilleurs crus. Mais, quoi qu’il en soit, ça reste dans le haut du panier du cinéma comique français. A la veille d’un vote pour entériner la construction d’un parc de loisirs à la place d’une forêt primaire, un maire de droite décomplexée essaye de corrompre son confrère écologiste. Mais ils se font piéger par un groupe de jeunes activistes féministes qui réussit à les coller ensemble. Une folle nuit commence alors pour les deux hommes, unis contre leur gré. Le postulat de départ était drôle mais risqué et, effectivement, c’est loin de tenir jusqu’au mot FIN. D’excellents moments, mais des lenteurs et des répétitions dommageables au rythme d’une comédie. Légère déception.
Depuis 20 ans, grâce au cinéma, nos duettistes tentent d’embrasser les questionnements qui agitent notre société contemporaine et nos petites vies personnelles. Le titre à la fois actuel et intemporel, exprime la difficulté à satisfaire tout le monde et à procéder à de vrais choix politiques. Voilà donc un portrait humain de ceux qui nous gouvernent. Avec leurs bonnes et mauvaises volontés… leurs limites et leurs angoisses aussi. Le film traite aussi de l’urgence écologique et du féminisme de manière plus que déjantée mais, le moins qu’on puisse dire, c’est que le message est clair. Le problème, je me répète c’est que le scénario a du mal à renouveler l’idée de départ et le film s’enlise dans sa seconde partie. Incontestablement drôle et corrosif, mais trop vite lassant à force de situations répétitives. Un road-movie qui tourne en rond.
Côté casting, le duo Vincent Macaigne /Jonathan Cohen, s’amuse beaucoup. Quant au trio de féministes India Hair, Jehnny Beth, Doully, il en fait des tonnes dans la dérision. C’est en 2021, après la cérémonie des César, que les réalisateurs - nommés pour le scénario d’Effacer l’historique - ont choisi Vincent Macaigne - nommé pour Les choses qu’on dit, les choses qu’on fait - et Jonathan Cohen - nommé pour Énorme -. Tous les quatre étaient repartis bredouille de la cérémonie et attendaient un taxi pour rentrer chez eux. Sur le trottoir de l’Olympia avec tous les autres perdants des César ! Ça crée des liens ! raconte Benoît Delépine. A quoi ça tient ? Une fable politique caustique qui alterne le bon et le moins bon. Mais je vote allègrement pour l’insolence du propos qui met le doigt sur la désespérance dans la politique qui frappe notre pays. Salutaire !