Je pensais le duo Kervern / Delépine impertinent. J’ai assisté à l’avant-première d’Albi et ai été très déçu de leur flagornerie et de leur adhésion aux poncifs de l’époque… 20 minutes à s’excuser en début de débat au cas où leur ironie envers les politiques aurait blessé les édiles municipaux présents qui bien entendu « ne sont pas comme dans le film » (allez le dire aux opposants méprisés systématiquement, auxquels on coupe les micros en séance, et aux contribuables albigeois qui se demandent à quoi pourra servir la si coûteuse passerelle fantôme qui n’en finit pas de devenir année après année un gouffre financier sans parvenir à être achevée…). Une défense dithyrambique des politiques, en fin de débat, ces pauvres victimes sans cesse harcelées alors qu’ils « se dévouent » et sont sans cesse attaqués par des grincheux qui s’opposent à tout et rendent le pays ingérable… Exemple à l’appui fourni par Delépine du maire de sa petite ville de 2000 habitants, comme si les maires des petites communes pouvaient être assimilés - et donc servir de caution - aux politiciens qui gèrent les villes moyennes et grandes au nom d’intérêts politiques et de vanité carriériste personnelle !
Une attitude totalement à l’encontre de ce que pourrait suggérer le film. Tout comme leurs proclamations répétées d’écologisme et de féminisme, alors que leur film, à bien y regarder, suggère plutôt combien une cause noble peut être déconsidérée par ses propres défenseurs lorsqu’ils font preuve d’intolérance, de rigidité doctrinale extrême et de comportements inintelligents : ce que sont et font le maire écolo et les militantes féministes du film…
Bref, très déçu par l’ambivalence, la duplicité de deux acteurs que je pensais jusque là dignes de considération pour leurs actions et productions atypiques, et qui se révèlent finalement comme de simples bobos conformistes chevauchant les poncifs à la mode dans une pseudo intelligentsia artistique incapable de voir les vrais problèmes, comme la misère dans laquelle est plongée la majeure partie de l’humanité, qui a plus envie de pouvoir vivre décemment, c’est-à-dire manger à sa faim et sortir de l’esclavage de fait dans lequel la plongent ces politiciens occidentaux… si éloquemment défendus par Delépine et Kervern en fin de débat !
Ajoutons à cela le petit couplet sur l’Ukraine, dans la droite ligne de la bien-pensance conditionnée par le monstre médiatique broyeur d’intelligence et de liberté de penser : je n’ai pas souvenir d’avoir entendu ces deux messieurs se soucier de ce qu’ont subi du fait des USA et de l’OTAN en leur temps les irakiens, les lybiens, les iraniens, les ex-yougoslaves ou de nos jours les yéménites, les populations africaines, etc. Ou de la discrimination entre ces migrants ukrainiens qu’il faut accueillir et les migrants africains que l’n l’aise périr en mer depuis tant d’années. Ni enfin de la grave entrave à la démocratie et à la liberté qu’est l’interdiction des médias russes en Occident : la libre opinion ne peut se construire que par la confrontation des informations et des idées, et non dans le conditionnement à sens unique de nos médias…
Bref une attitude publique tellement en contradiction avec l’esprit de liberté critique et lucide sur notre univers que je pensais être le leur, que finalement je me désintéresserai désormais de leurs créations et apparitions publiques.
Finalement , je ne regrette pas d’avoir assisté au débat : cela a neutralisé le bien éventuel que j’aurais pu penser de leur film, en mettant en évidence que leur non conformisme n’est qu’une façade, un simple besoin de « déconnade » sans sincérité ni fond moral , intellectuel et idéologique.