Les deux heures et demies passées devant le film de Justine Triet n'ont pas été de trop pour savourer cette remarquable "anatomie d'un couple", où l'analyse fine, subtile, et même parfois quasi transcendante, des mécanismes de fonctionnement, puis d'autodestruction d'un couple s'avère passionnante de bout en bout. Au point que, et ce n'est pas plus mal, la partie "procès" s'avère finalement la plus forte ( remarquable rôle tenu pour l'avocat général, qui vole presque la vedette aux tetes d' affiche ...). Ah ! Ce chalet maudit !
Il y aussi le jeu très juste de Sandra Hüller, déjà formidable dans " Toni Erdmann ", qui est pour beaucoup dans la réussite du film ; il faut aussi souligner l'inventivité de la mise en scène de Triet, qui tente des choses souvent originales, parfois audacieuses, sans que cette sorte de virtuosité se retourne jamais contre le sujet du film et la véracité des situations : un exploit en soi !
Passionnant comme un thriller même si, à la fin, la vérité n'est tout simplement pas atteignable (ceci dit, je fais partie de ceux qui n'ont pas douté une minute, plutôt vers la fin du film, de la culpabilité de Sandra ), Anatomie d'une Chute regorge de ces "détails" qui augmentent le plaisir du spectateur, comme le personnage du fils malvoyant, impressionnant, sans omettre celle de Snoop tout au long du film. Ce dernier tient son rôle avec un naturel confondant !
J ai constaté l' absence d' interventions de la part des proches du défunt durant le procès, absence fort probablement voulue par la réalisatrice.
Deux scènes me convainquent de la culpabilité de Sandra , les deux dernières en fait : celle au restaurant asiatique, avec son avocat ( tout est dans le non-dit ) et celle ou Snoop se blottit contre sa maîtresse.
Ma conclusion : Anatomie d'une chute n'est sans doute pas un "chef d'œuvre", mais c'est un film intelligent et très réussi, qui récolte à juste titre un succès populaire et critique mérité.