Quel chef-d’œuvre ! Fortement incité par les nombreux prix reçus aux César (dont celui du meilleur film) et par la Palme d’Or, je n’ai pu faire autrement que me plonger dans « Anatomie d’une chute » : le film de 2023 à ne pas manquer, salué par la critique et qui mérite amplement selon moi cette ovation.
L’histoire se déroule dans un chalet en montagne alors que Samuel, père de famille, est retrouvé mort par son fils Daniel, un enfant malvoyant, dans la neige, suite à une chute. Aussitôt, une enquête est ouverte et est suivie par un procès. La probabilité de l’accident est vite mise de côté mais est-ce un meurtre ? Un suicide ? Sandra, la mère, est inculpée et fait tout pour prouver son innocence alors que les preuves à son encontre se multiplient. On assiste au procès qui dissèque avec précision la vie du couple plus nébuleuse qu’on ne le pensait face au jeune Daniel à la fois lucide et sensible.
C’est un bonheur de voir le film du début à la fin, en effet, le doute plane jusqu’au bout et tout semble au plus proche de la réalité. Le scénario est très bien écrit et tout fonctionne en alternant entre des moments d’hésitations, de flash-backs, de procès, d’archives, et de discussions. On ne se lasse pas et on suit cette fiction comme un vrai fait divers au plus près des personnages. On découvre la « chute » de ce couple en même temps que Daniel et on se questionne autant que lui (et ce, même plusieurs jours après avoir fini le film !). J’ai particulièrement aimé les scènes d’audience qui m’ont captivé sans en faire trop : la réalité suffit à nous intriguer. Tous les Les personnages sont très travaillés et nuancés. Sandra Voyter a une profondeur intéressante et je n’ai pu que m’émerveiller du mystère qui l’entoure. Daniel, malgré son statut de malvoyant, se retrouve finalement un des personnages les plus clairvoyants, émancipé des représentations habituelles de l’enfance au cinéma. L’avocat, qui défend Sandra sans jamais douter d’elle, attend plus de cette-dernière. Et, au-delà des personnages, les acteurs sont tous géniaux et interprètent leur rôle avec une impressionnante précision et une stupéfiante justesse. Sandra Hüller, récompensée par le César de la meilleure actrice et Swann Arlaud, meilleur acteur dans un second rôle, méritent tous les deux largement leur prix et je note aussi sans vergogne le talent du jeune Milo Machado-Garner très prometteur, ainsi que d’Antoine Reinartz dont l’avocat général semble plus que réel. Je souligne également le merveilleux choix de musique qu’est « PIMP » de Bacao Ryhtm & Steel Band pour accompagner le drame qui s’associe bien à l’ambiance, reste en tête et semble annoncer un danger ou traduire l’insécurité dès qu’elle est jouée. Le réalisation de Justine Triet parvient à faire de ces éléments un tout très réussi, que demander de mieux ?