Probablement le meilleur film de Chantal Ackerman, bien loin devant le « fameux » Jeanne Dielman , presque muet, soporifique, et pourtant objet culte du wokisme. Ici dans cette sorte de road movie ( train- movie plus exactement ) il y a plusieurs séquences de dialogues, et ces dialogues sont plutôt bien écrits. Ils démontrent l’état d’esprit, et la situation intellectuelle de Ackerman , son existentialisme pessimiste, sa vision négative de tous les éléments, sa difficulté de connecter avec les autres . La rencontre, puis le dialogue avec sa mère , excellente Léa Massari, sur sa difficulté d’être , sur sa nomadisation, son expérience réussie avec une femme, l’émergence de son homosexualité, mais son dégout de la vie, reflète toute la pensée de Chantal Ackermann . La dernière séquence avec Jean- Pierre Cassel est de loin la meilleure du film , révélant ce même pessimisme , mais cette fois exprimée par l’homme d’affaire et son personnage : tout est foutu, il veut s’arrêter , tout abandonner , il ne croit plus en rien. Il veut bien faire l’amour une dernière fois avec sa maitresse, mais n’y croit pas , d’ailleurs leur séance se passera mal. Le sexe est d’ailleurs triste chez Ackerman, jamais jubilatoire, jamais jouissif, on est loin de « peace & love », le sexe n’est pas une solution, il est presque glauque. Aurore Clément donne beaucoup d’elle-même, y compris de sa nudité. JP. Cassel est excellent. Mais malheureusement les 3 séquences de dialogues ( le 3eme étant une diatribe d’un prof d’allemand rencontré par hasard , suicidaire sur l’état de l’Allemagne, plutôt une mauvaise vision , quand on connait maintenant le succès de ce pays dans sa reconstruction), sont courtes . La majeure parie du film est constituée de plans filmés par la fenêtre de trains circulant, ou de l’intérieur de voiture , où il ne se passe rien non plus . On a bien compris l’allégorie censée décrire l’état de désespoir et de désarroi de Ackerman , mais tout cela est très , très long, et très, très lent .