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Un visiteur
5,0
Publiée le 31 décembre 2006
Une oeuvre où le hors champs s'appelle on ne sait quoi comme "dieu" une vraie oeuvre noire et blanche mais qui n'est pas "blanc ou noir" l'incarnation recalée d'une Jeanne dont l'être émouvant nous revient en plein esprit en pleine émotion. Grande justesse parce qu'on sent que chaque geste compte ou l'absence de geste. Dureté de la foi, folie de la foi. Reste une femme, des hommes aux prises avec leurs lois impuissantes à explorer l'exeptionnel. De ce film presque clinique mais remplie de l'âme tendue des protagonistes ressort comme une évidence de la sainteté (ou au sens moderne: son corps sain, son esprit sain) de Jeanne on ressort avec une question sur l'absence de dieu dans l'abandon, une certaine absence qui envahit l'écran d'où s'est échappée Jeanne, évaporée....
Voici encore une oeuvre d'une beauté resplendissante, parmi les plus grandes de l'histoire du cinéma, un témoin de l'âge d'or de celui-ci. Tout entier basé sur le texte authentique de la minute du procès et du procès de réhabilitation, le film de Bresson, très court (62 minutes), procède d'un pari, celui de centrer toute l'attention du spectateur sur le seul verbe en élaguant impitoyablement tout ce qui pourrait la détourner des paroles de Jeanne et des ses juges. Pari tenu! «Le procès de Jeanne d'Arc» est un chef-d'oeuvre d'une rare puissance. Comme toujours chez le réalisateur, le dépouillement et l'austérité sont incroyables. Pourtant l'émotion gagne. Aucun spectacle (Bresson, c'est l'anti-Besson), aucun effet spécial, aucune image ni parole de trop, aucune emphase dans l'expression. La fascination grandissante du spectateur procède de la seule force des paroles, et de l'attitude, toute de noblesse, de Jeanne face à ses juges. Florence Carrez, qui incarne la pucelle, est parfaite de grandeur et de dignité. Il en va de même pour tous les autres acteurs qui sont, selon le principe de Bresson, tous des amateurs. Se présentera-t-il un jour un réalisateur pour oser reprendre le flambeau d'un cinéma aussi radical?