Considéré comme l'un des meilleurs films de l'histoire du cinéma, E.T l'extra-terrestre n'est plus à présenter et dispose d'une place considérable dans la culture populaire, honorée par de multiples clins d'oeil et produits dérivés.
Réalisé en 1982 par le jeune mais non moins renommé Steven Spielberg, ce film, trop souvent réduit au seul genre de la science-fiction, se révèle être, d'après les dires du réalisateur lui-même, comme son film le plus intime, aux frontières troubles avec l'autobiographie. En effet, à travers le personnage d'Elliott, c'est le jeune Steven Spielberg que l'on peut retrouver, un enfant solitaire et sans amis passionné par les ovnis et créateur d'un compagnon imaginaire qui l'accompagne au quotidien. Mais les influences et l'inspiration d'E.T l'extraterrestre peuvent également être trouvées ailleurs, notamment dans l'histoire de Peter Pan (qui apparaît concrètement dans le film au cours d'une touchante séance de lecture), mais également dans les conseils qu'auraient préconisé François Truffaut à Steven Spielberg sur le tournage de Rencontres du troisième type. Toutefois, même si l'idée du projet cinématographique revient à Spielberg, le scénario pourrait être un plagiat, n'en déplaise aux fans inconditionnels de cette oeuvre ancrée dans les classiques. En effet, même si aucune preuve n'atteste cette hypothèse, le rapprochement très étroit que l'on peut faire avec un roman envoyé aux studios Disney quelques mois plus tôt et auquel aucune réponse n'a jamais été donnée présente une coïncidence étonnante. A chacun de se faire son propre avis...
Projeté au festival de Cannes six mois avant sa sortie française, E.T l'extraterrestre est tout de suite acclamé par les critiques et les collèges cinéastes de Spielberg, Georges Lucas y compris. Et lors de sa sortie dans les salles obscures du monde entier, le succès est immédiatement confirmé, avec plus de 9 millions d'entrées en France et près de 800 millions de dollars de recettes à l'international, explosant le budget de production de 10 millions de dollars. Aux Oscars de 1983, ce ne sont pas moins de quatre statuettes qui sont remises à l'équipe du film, dont celle de la meilleure musique originale pour l'exceptionnel John Williams (compositeur de talent habitué à collaborer avec Steven Spielberg et Georges Lucas) et celle des meilleurs effets spéciaux pour consacrer un travail novateur et encore inédit à l'époque. Inscrit au Panthéon cinématographique du National Film Registry en 1994, l'extraterrestre le plus célèbre du cinéma décroche un ultime exploit, celui de détrôner le quatrième volet des aventures Star Wars à la tête des films les plus rentables de l'histoire pendant onze années consécutives, avant d'être lui-même dépassé par Jurassic Park, une autre création signée Spielberg.
Si l'on peut retenir autre chose de ce grand classique d'une génération toute entière, c'est qu'il prouve que le succès au cinéma est possible sans le privilège d'une distribution dotée d'importantes têtes d'affiche. Car en effet, bien qu' E.T permette à Drew Barrymore et Henry Thomas de lancer leur carrière précoce, ce n'est pas dans ce casting que vous trouverez de célèbres acteurs aux cachets exorbitants, une caractéristique rare pour un film aussi connu qui a eu l'avantage de limiter considérablement le coût de production. Ce grand classique présente une autre spécificité au début des années 1980, celle de prendre le parti d'un extraterrestre sympathique et bienveillant, un an avant la diffusion de la série V et de ses visiteurs malintentionnés sur les télévisions américaines.
Pour ses innovations techniques dans le registre de la science-fiction, sa scène culte dans la lumière d'une lune resplendissante, sa réplique culte d' "E.T téléphone maison", sa musique inoubliable et son atmosphère à la fois magique et enfantine, l'adorable et innocent petit E.T marque incontestablement l'histoire du cinéma. Mais cette innocence peut également être un talon d'Achille, de sorte que l'on peut parfois rapprocher cette réalisation d'un film pour la jeunesse, avec ses codes et ses clichés destinés à un public enfantin, au détriment d'une intrigue plus complexe à destination de spectateurs plus âgés et exigeants.