En 1797, un enfant "sauvage", coupé du monde, est découvert par des paysans dans une forêt de l'Aveyron. Le film de Truffaut retrace cette histoire vraie, consignée dans les écrits du docteur Itard, l'histoire de l'homme qui essaya d'humaniser l'enfant sauvage. Film d'époque soit, mais l'époque est assez discrète: les scènes se passent dans des décors champêtres pas vraiment datés. François Truffaut lui-même joue le rôle de l'enseignant, le docteur Itard. On assiste aux séances d'enseignement, aux progrès, aux échecs de ce tandem un peu spécial. L'état de l'enfant lorqu'il est recueilli est, comme le dit le directeur de l'institut où il est d'abord recueilli:'en dessous' de l'animal. Il n'a reçu ni la culture qui aurait fait de lui un homme, ni l'instinct fabuleux qui caractérise les animaux. Or c'est justement la culture que va essayer de lui enseigner de toutes ses forces le professeur Itard, qui veut faire de lui un animal culturel, c'est à dire un homme. Ce film est une bouleversante définition de l'humanité.
Bouleversante, sans jamais faire dans le sentiment. Au contraire, le strict respect de la chronologie des évènements, ainsi que la présence de la voix_off qui lit les écrits d'Itard, relate de façon scientifique les avancées de l'enfant. Mais sous ces aspects assez lisses, (avec des leitmotivs musicaux assez répétitifs), c'est une émotion intense qui jaillit, lors d'un geste tout simple. Tous ces gestes où Victor révèle son humanité: par exemple où il comprend le jeu, en s'asseyant dans une brouette. L'entreprise d'Itard est un magnifique exemple de science humaniste: il nous livre à travers ses écrits toute la difficulté, tout le découragement, qui survient et qui passe. L'attachement entre les deux protagonistes nous prépare une fin poigante, elle l'est, et aussi douce-amère: Victor se porte comme un homme, reconnaît son foyer, mais ne sortira jamais de son mutisme, mais ne sera jamais un homme tout à fait comme les autres.