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soniadidierkmurgia
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4,0
Publiée le 24 octobre 2020
En l’an 1800 dans les forêts aveyronnaises, un enfant précédemment aperçu dans le Tarn aux alentours de 1797 est débusqué par trois chasseurs. Visiblement abandonné depuis longtemps, son cas fait grand bruit dans la région où les supputations vont bon train sur ses origines. En août 1800, il est transféré à Paris où il est soumis à l’étude par les plus grands spécialistes. Son retard mental est-il inné, ce qui pourrait expliquer son abandon par ses parents ou est-il consécutif à sa longue période de vagabondage dans la nature ? Le docteur Jean Itard prend en pension le jeune garçon âgé de douze ans pour tenter sa réinsertion sociale. Le jeune garçon nommé Victor rejoint la longue liste des enfants « sauvages » retrouvés de par le monde et qui fascinent en raison des interrogations de l’homme sur ses origines animales. Dès la fin du XIXème siècle, la littérature avec Mowgli (« Le livre de la jungle » de Rudyard Kipling) et le célèbre Tarzan (« Tarzan seigneur de la jungle » d’Edgar Rice Burroughs) s’empare du phénomène, fantasmant sur la proximité de l’homme et de l’animal. En 1970, juste après « La sirène du Mississipi », François Truffaut réalise « L’enfant sauvage », convaincant la United Artists de mettre en chantier un film au budget modeste qui sera une épure à partir de l’histoire de Victor de l’Aveyron. On connaît le tropisme du réalisateur pour le thème de l’enfance depuis « Les 400 coups ». L’hypothèse probable que le jeune Victor ait pu être abandonné suite à des sévices reçus dans sa prime enfance a possiblement renvoyé Truffaut à son propre parcours d’enfant non désiré. Pour mieux diriger le jeune Jean-Pierre Cargol (neveu de Manitas de Plata) recruté après un long et difficile casting, il s’attribue le rôle du docteur Jean Itard. Magnifiquement mis en image par Nestor Almendros, « L’enfant sauvage » s’approche au plus près de ce qui fait la spécificité de l’homme civilisé : sa capacité à recevoir et à dispenser une éducation. Puisant son esthétique au creuset des grands réalisateurs du muet que furent David W. Griffith ou Victor Sjojström, François Truffaut livre sans doute l’un de ses films les plus aboutis qui se suffit à lui-même grâce à son parti-pris documentaire rehaussé de la voix off du réalisateur qui vient en soutien de rares dialogues pour faire partager les interrogations et la démarche de Jean Itard, tenant pour une grande part d’un empirisme éclairé. « L’enfant sauvage » sera très bien accueilli malgré l’austérité de son propos, prouvant avec le recul que le créateur de la Nouvelle Vague avait sans doute au fond de lui l’âme d’un classique.
Intéressant de suivre l'histoire vraie de cet enfant abandonné. Le noir et blanc offre une approche plus "historique" et l'aspect de l'étude comportementale de l'époque est simple mais efficace. Cependant, Truffaut plombe toujours autant le dynamisme des scènes par son jeu affligeant et son phrasé monotone et monocorde lassant et agaçant. J'aime tout de même mieux ses films lorsqu'il ne se met que DERRIÈRE la caméra et non devant. Un bon film mais loin des chefs-d'oeuvres que ce réalisateur nous a donné.
Quand François Truffaut fait du Truffaut en interprétant du Truffaut, c'est le combo qui ne passe pas. Le film n'a de sauvage que le titre. L'enfant est une amusante récréation pour le cinéaste français qui ose pour la première fois s'octroyer le premier rôle. On va dire expérience sabordée par un sujet à l'extrême limite du ridicule. De toute façon, Truffaut qui ne raconte pas l'amour n'est pas un bon Truffaut.
Truffaut est un humaniste convaincu : les valeurs incarnées par les Lumières du XVIIIème siècle l'ont ému au point d'en consacrer un long-métrage. Eh oui, croyez-le ou non mais il a eu, en 1970, la très joyeuse idée de s'attaquer au mythe de l'enfant sauvage. L'action se déroule quelques années après notre révolution nationale, c'est-à-dire pile à la date permettant d'instaurer des repères chronologiques précis (au cas où le spectateur serait abruti au point de ne pouvoir s'en passer) tout en développant les fameuses théories élaborées par Rousseau et co les décennies précédentes. Quoi de mieux pour justifier son propos ? Comme vous l'aurez aisément compris, ça commence très mal, de manière extrêmement lourde avec une démarche bourrée de bonnes intentions mais tellement fumiste ! Truffaut était en avance sur son temps, aucun doute là-dessus. Super Nanny avant l'heure, il offre à travers des arguments qui sentent bon le conformisme une pale copie d'écrits déjà pas toujours bien construits avec une seule chose en tête : bourrer le crâne de son public. Lorsque je vous dis que le bonhomme anticipait notre époque ! De toute façon, si vous n'êtes pas d'accord avec ces méthodes, vous dégagez et puis c'est tout, personne n'a le droit à la parole, on doit faire ainsi et pas autrement ! C'est bien François, t'as tout compris ! T'as encore plus compris comment se mettaient en scène les téléfilms des chaînes hertziennes : platement, bêtement, sans rien approfondir ni prendre un quelconque pari visuel (ah si, mettre un noir et blanc prétentieux mal photographié). Avec un tel charisme (Gérard Klein on a reconnu ton modèle), il ne peut que susciter la très franche adhésion. Bref, restons sérieux : "L'Enfant Sauvage" ne risquera pas de vous intéresser, sauf si vous êtes masochiste, endormi ou drogué. Ou alors que vous avez des goûts très différentes des miens... C'est possible mais il faudra m'expliquer dans ce cas...
septiemeartetdemi.com - Ce film est parfois considéré comme l'œuvre majeure de Truffaut, où il retrace la partie la plus fameuse de la vie de Victor alias l'enfant sauvage de l'Aveyron. Il ne m'a pas - mais alors pas du tout - marqué comme tel.
Avec tout le respect dû aux textes scientifiques assez vieillots et sublimement écrits émaillant l'histoire (sont-ce ceux du véritable professeur Itard ?) ainsi que pour la musique très Nouvelle Vague dans son emploi, le film est pensé comme une liste des moments les plus forts dans l'éducation du garçon, sans cohérence ni suite logique. Le réalisateur a voulu presser le temps pour placer le plus possible d'iceux avec un lent doigté, mais il en résulte que le début est bâclé, la fin inexistante, et qu'au milieu il avoue presque un manque d'inspiration dans les transitions en utilisant à outrance la réduction circulaire du champ, dissimulant à peine que la scène suivante fait un bond scénaristique.
Cela tient au montage, qu'on peut aussi blâmer dans sa paresse à éviter certains raccords à grands coups de Skotch. Et puis le ton de voix monotone de Truffaut, s'il convient bien à la voix off, va avec son incapacité d'être convaincant en tant qu'acteur, malgré tous ses efforts pour camper un personnage du reste charmant. Non vraiment, son expertise ne se fait sentir que dans le tournage des plans champêtres.
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1,0
Publiée le 2 mai 2021
Pour un sujet aussi intéressant j'ai trouvé que L'Enfant sauvage manquait d'informations réelles sur Victor. Puis le film s'arrête tout simplement. Victor a quelque part entre douze et quinze ans si tant est qu'il ait cet âge et tout ce que nous avons vu ce sont les tentatives pour lui apprendre à lire. Le film n'était ni un film le jeu des acteurs n'était apparemment pas un problème ni un documentaire. J'ai dû faire des recherches en ligne pour apprendre qu'il était mort 28 ans plus tard. De quoi et que lui est-il arrivé entre la fin du film et sa mort personne ne le sait...
Sobre et austère comme du Bresson, ce film n'est en pas moins élégant, lumineux et surtout profondément humaniste. Un grand Truffaut, trop souvent éclipsé par ses autres oeuvres.
Un des films les moins connus de François Truffaut. Enfin, un de ceux qui revient le moins souvent lorsque l'on évoque la filmographie du cinéaste. Et un de ceux que j'ai le plus aimés. Et pourtant, je ne cautionne pas que l'on capture ces gens sauvages pour les civiliser. Non. Ils sont faits pour vivre dans la nature. C'est là qu'est leur monde, c'est là qu'ils se sentent heureux. C'est là qu'ils doivent vivre. Malgré ça, j'ai beaucoup aimé ce film. Tourné dans un noir et blanc lui donnant un cachet supplémentaire. J'ai beau ne pas aimer la pratique qui nous est ici montrée, j'ai bien aimé le film. Sans être en mesure e dire pourquoi. Tout ne trouve pas forcément une explication.
Proche dun documentaire (ce film prend lallure dun docu-fiction), LEnfant sauvage vaut surtout pour linterprétation de Jean-Pierre Cargol impressionnante de vérité. On peut juste regretter de ne pas connaître la suite de la vie de cet enfant trouvé dans la forêt puis éduqué à Paris.
Etant pleinement réconcilié avec Francois Truffaut, me voila à regardé un film qui en premier lieu ne m'attire pas tellement ... L'austérité à laquelle je m'attendais ne se présenta pas, au contraire c'est bien sa chaleur qui m'a conquis ! La tendresse du professeur est contagieuse, on est pris par ce jeune garçon dont l'histoire est déchirante. Ce long métrage m'a rappelé au souvenir important d'Éléphant Man, mon émotion est similaire. Une oeuvre douce sur la violence de ce monde, sur l'éveil d'une conscience et la difficulté du savoir.
Tiré d'une histoire vraie, François Truffaut traite de façon réaliste mais avec aussi sa sensibilité habituelle une oeuvre subtile, intelligente et au final émouvante sur l'apprentissage et la communication nous plongeant dans la France du Directoire comme si on y était (on ne peut que saluer la finesse de la reconstitution). Filmé dans un noir et blanc sobre et interprété avec une très grande justesse, "L'Enfant sauvage" fait partie des meilleures oeuvres de son très talentueux réalisateur et fait honneur au cinéma français pour ce qui est sans conteste un grand film.