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lillois
100 abonnés
454 critiques
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5,0
Publiée le 29 septembre 2006
Comme dans le "Boudu sauvé des eaux" de Jean Renoir, tout débute avec un commerçant qui entretient des relations étroites avec sa gouvernante (ici le pharmacien Henning, père de Thymian). Sous l'influence de la sournoise Meta (Franziska Kinz), sa famille rejette Thymian qui vient d'avoir un enfant illégitime. En dehors de quelques minutes de flottement pour préparer l'épilogue, ce film est extraordinaire. Tant du point de vue de l'histoire (cruelle, intense, humaniste) que du jeu d'acteur (un mauvais acteur à l'écran ça ne pardonnait pas du temps du cinéma muet). La narration est si limpide qu'on se passerait presque des cartons. Juste après "Loulou", Georg Wilhelm Pabst dirige à nouveau une Louise Brooks à la beauté saisissante. Le personnage éthéré qu'elle incarne nous bouleverse. On suit avec un immense intérêt ses douloureuses pérégrinations. Pour l'arrivée de Thymian dans les établissements successifs, le réalisateur opère un parallélisme antagoniste au travers de la boisson proposée et du regard des gens. D'une part une infâme soupe et l'ambiance carcérale de l'institution, de l'autre le champagne et l'ambiance festive du bordel. Le pensionnat pour filles rappelle l'horrible institution Magdalene récemment dépeinte dans le film de Peter Mullan. Son directeur est une sorte de crâne d'oeuf géant (génial Andrews Engelmann) alors que son épouse (Valeska Gert) se révèle un monstre qui prend son pied en brimant ses hôtes. Certains plans y mêlent originalité de cadrage et efficacité (vues à hauteur de lits superposés par exemple). Une censure d'un autre âge ayant été levée, c'est miraculeusement un film de cent six minutes qu'on peut voir. A la fois charnel et malicieux, observateur et réaliste. Le thème de la perdition le parcourt mais c'est bien entendu en Thymian qu'il y a le plus de bonté, le plus d'Amour. Toute la magie du dernier plan réside dans l'ultime citation. Un véritable plaidoyer. "Le journal d'une fille perdue" est définitivement une oeuvre inestimable.