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Benjamin A
717 abonnés
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4,5
Publiée le 20 janvier 2015
Alors qu'il voulait adapter "L'ange bleu" (finalement réalisé par Josef Von Sternberg), Georg W. Pabst s'attaque finalement au roman "Le Journal d'une fille perdue" de Margarete Böhme. Il nous fait suivre le destin de Thymiane, fille d'un pharmacien qui va peu à peu se retrouver rejeté par sa famille et ses proches après un acte horrible qu'elle aura subi.
Peu de temps après le sulfureux chef d'oeuvre "Loulou", Pabst retrouve Louise Brooks et lui fait vivre une descente aux enfers où elle passera par divers sentiments, de l'horreur à l'espoir en passant par la rédemption. Le réalisateur allemand met en scène une galerie de personnages hauts en couleurs mais reste constamment braqué sur Thymiane, belle et innocente jeune fille que l'on découvre en pleine communion toute de blanche vêtue et qui va peu à peu subir les événements et découvrir la vie et le passage à l'âge adule.
Tableau d'une bourgeoisie qu'il ne manque pas de critiquer notamment pour son immoralité et hypocrisie, "Le journal d'une fille perdue" met en avant cette descente aux enfers dans un monde violent où s’enchaînent drame, cruauté, simple moment de vie et même humour, le tout parfaitement maîtrisé par Pabst. L'image de Thymiane et des autres filles perdues dans le centre de redressements sont saisissantes et finalement symbolisent la sincérité et le réconfort qu'elle peut trouver après avoir découvert la violence de ce monde et des institutions.
Pabst parvient à faire ressortir toute l'émotion, la puissance dramatique, le pathétique et la cruauté de son récit. À l'image de son héroïne, il fait passer le spectateur par divers sentiments allant du dégoût pour certains personnages à l'attachement pour celui de Thymiane. Le récit est assez riche et il n'hésite pas à user de divers ellipses toutes bien maîtrisées. L'ensemble est bien rythmé sans être dans l'excès, Pabst maîtrise bien son récit et les différents enjeux.
Maîtrisant à merveille les artifices du muet, il fait ressortir toute la puissance des images où un simple regard en dit bien plus que n'importe quel mot... et quel regard ! Louise Brooks est à nouveau sublimée par la caméra de Pabst, où son regard, sa plastique et sa présence font ressortir toute l'émotion de son personnage. Elle-même fille perdue, elle symbolisait à la fois l'angélisme et la perversité comme le montrent ce film et "Loulou", mais finira assez vite lâché par Hollywood, n'hésitant pas à la mettre sur liste noire et à propager la rumeur comme quoi elle n'était pas faite pour le parlant. Accompagnée de quelques belles notes de piano, la photographie est très bien utilisée par Pabst, jouant avec le contraste du noir et blanc, symbolisant notamment la pureté et l'innocence pour le blanc.
Censuré à son époque pour avoir abordé avec franchise et sans compromis le vice, la sexualité et la bourgeoisie, "Le Journal d'une fille perdue" reste un témoignage fort et puissant du talent de Pabst et Louise Brooks dont un simple regard en disant bien plus que n'importe quel mot...
Ce film fit scandale à sa sortie et l'on comprend pourquoi en le voyant car Le Journal d'une Fille perdue est très cru même si Georg Wilhelm Pabst joue surtout sur les allusions. Un récit sombre et cruel soutenu par une mise en scène vivante et de bons acteurs.
Moins immédiatement séduisant que Loulou à cause d'un scénario davantage convenu. En revanche, la mise en scène est plus brillante. Cette adaptation d'un roman de Margarete Böhme est avant tout une attaque au vitriol contre la bourgeoisie allemande. Son héroïne ne trouve t-elle pas une certaine forme de bonheur au sein du bordel où elle échoue, alors qu'elle a vêcu un enfer familial ? Le rôle de Louise Brooks a beau ne pas avoir la même ampleur que dans Loulou, l'actrice est néanmoins exceptionnelle, démontrant une palette de jeu incomparable. Jugé scandaleux, le film fut censuré. L'actuelle version de 105 minutes est malgré tout très proche de la version initiale.
Film sulfureux pour l'époque (pour nous cela passent pour un film normal). Drame social profond une bonne histoire sur la vie difficile d'une jeune fille dans un milieu aisé dans l'Allemagne de la fin des années 20. Georg Wilhelm Pabst enchaîne les plans superbes (notamment les gros plans sur les visages). La réalisation n'est pas du tout figée comme parfois c'est un peu le cas dans les films de l'époque.
Quelle histoire... Pabst n'y va pas de main morte en matière de mélo. Mais son film s'avère captivant et assez fascinant, à plus d'un titre. Sur le plan narratif, un sens subtil de l'ellipse donne un impact fort aux nombreux rebondissements et confère un haut pouvoir suggestif au film. Pouvoir suggestif audacieusement mis au service d'un scénario subversif, qui apparaît comme une féroce critique sociale, celle d'une bourgeoisie corrompue et immorale, qui se vautre allègrement dans la luxure, brille par sa cupidité et se révèle prête à toutes les hypocrisies pour conserver sa bonne conscience. Cynique et provocateur, le réalisateur présente, en contrepoint de la maison familiale et du milieu bourgeois, une maison close, tel un refuge, un lieu d'amour et de générosité... Voilà un message qui n'est pas bien passé dans la société allemande de la fin des années 1920. La censure a frappé, imposant à Pabst un dénouement autre que celui qu'il avait imaginé. Mais le film fit tout de même scandale et fut un échec en salles. Le public n'a pas été sensible à cette charge corrosive aux effets de miroir, à cette façon qu'a le réalisateur de tricoter son mélodrame social avec les aiguilles de la sexualité et quelques motifs psychanalytiques. Dommage... Dommage aussi pour Louise Brooks qui, un an après le tournage de Loulou, donnait ici une nouvelle expression de son charme rebelle et de son magnétisme naturel.
Un des films mythiques du duo Pabst-Brooks... Le film raconte la vie d'une fille de pharmacien (bourgeoise donc) qui, après une grossesse illégitime, va connaitre maison de correction et bordel avant de s'en sortir. D'abord le film est monté de telle façon que jamais le spectateur s'ennuie. Mais certaines scènes semblent maladroite comme celle où elle est emmené par le préparateur dans sa chambre, est-elle évanouie ou s'offre-t-elle juste de façon fataliste ?! D'ailleurs cette question reviendra pour sa première au bordel... Second bémol la musique qui tient plus de la comédie que du drame, drame d'ailleurs qiu a parfois des allures de comédies avec notamment les scènes du cours de danse ou de la traite de la vache. Le film reste prenant car une telle vie ne peut que nousintéresser tant il y a de paramètres au bonheur et au malheur. Louise Brooks a une présence incroyable et si ce film avait droit à une restauration de valeur ce film y gagnerait encore.
Comme dans le "Boudu sauvé des eaux" de Jean Renoir, tout débute avec un commerçant qui entretient des relations étroites avec sa gouvernante (ici le pharmacien Henning, père de Thymian). Sous l'influence de la sournoise Meta (Franziska Kinz), sa famille rejette Thymian qui vient d'avoir un enfant illégitime. En dehors de quelques minutes de flottement pour préparer l'épilogue, ce film est extraordinaire. Tant du point de vue de l'histoire (cruelle, intense, humaniste) que du jeu d'acteur (un mauvais acteur à l'écran ça ne pardonnait pas du temps du cinéma muet). La narration est si limpide qu'on se passerait presque des cartons. Juste après "Loulou", Georg Wilhelm Pabst dirige à nouveau une Louise Brooks à la beauté saisissante. Le personnage éthéré qu'elle incarne nous bouleverse. On suit avec un immense intérêt ses douloureuses pérégrinations. Pour l'arrivée de Thymian dans les établissements successifs, le réalisateur opère un parallélisme antagoniste au travers de la boisson proposée et du regard des gens. D'une part une infâme soupe et l'ambiance carcérale de l'institution, de l'autre le champagne et l'ambiance festive du bordel. Le pensionnat pour filles rappelle l'horrible institution Magdalene récemment dépeinte dans le film de Peter Mullan. Son directeur est une sorte de crâne d'oeuf géant (génial Andrews Engelmann) alors que son épouse (Valeska Gert) se révèle un monstre qui prend son pied en brimant ses hôtes. Certains plans y mêlent originalité de cadrage et efficacité (vues à hauteur de lits superposés par exemple). Une censure d'un autre âge ayant été levée, c'est miraculeusement un film de cent six minutes qu'on peut voir. A la fois charnel et malicieux, observateur et réaliste. Le thème de la perdition le parcourt mais c'est bien entendu en Thymian qu'il y a le plus de bonté, le plus d'Amour. Toute la magie du dernier plan réside dans l'ultime citation. Un véritable plaidoyer. "Le journal d'une fille perdue" est définitivement une oeuvre inestimable.
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4,0
Publiée le 29 janvier 2010
Georg Wilhelm Pabst rèalise avec "Trois pages d'un journal" le dernier grand drame du cinèma muet allemand! Derrière ce thème mèlodramatique, le cinèaste cherche à atteindre le secret intime des êtres saisis par la dèbauche! Comme dans la plupart de ses films, Pabst utilise ici les pulsions sexuelles de ses personnages pour en faire le ressort essentiel de son rècit! La sexualitè trouve une place importante dans le cinèma expressionnisme allemand des annèes 20! La prostitution, l'homosexualitè, voir même les maladies vènèriennes, sont souvent les thèmes qu'aborde directement le cinèma de l'èpoque, avec un certain courage! La vèritable triomphatrice de ce film admirable reste la belle et rebelle Louise Brooks, ou chaque plan de l'oeuvre est illuminèe par la personnalitè magique de l'actrice! La sèquence de danse avec son premier client entre les bras duquel elle s'abandonne est un sommet d'èrotisme subliminal! Un très grand film...
Ce long métrage muet allemand nous propose une histoire extrêmement émouvante et dont il est difficile d'en rester insensible. Ce drame social possède quelques séquences vraiment marquantes ( notamment toutes celles se déroulant dans la maison de redressement ) , et une interprétation tout en finesse et en justesse de Louise Brooks, qui est absolument parfaite dans le rôle de Thyniane Henning. La photographie en noir et blanc de Sepp Allgeier à en plus particulièrement bien vieilli. Celle-ci contribue grandement au succès de ce film de Georg Wilhelm Pabst - qui fit d'ailleurs grand scandale à l'époque - et que je considère d'ailleurs comme légèrement plus réussi et appréciable que " Loulou ", malgré que ce dernier soit le plus célèbre film de son actrice principale. Un quasi chef-d'oeuvre à ne manquer sous aucun pretexte.
Un bon film de Pabst avec la toujours magnifique Louise Brooks, que Pabst installe dans une société allemende en crise. Ca fait un peu penser aux films sociaux britanniques à la Ken Loach...
Nul doute que la « dépravée » aurait pu trouver un autre parti que celui du « banni ». Mais c’était son destin. Malgré tout le réalisateur fait jouer la chance qui peut aider tout être à se relever. La fin est belle quand elle prend dans ses bras son amie de douleur et quand la morale impose l’amour entre les hommes pour se sauver les uns les autres. Utopie dans ce monde sauvage d’aujourd’hui.
La collaboration entre Georg Wilhelm Pabst et l'actrice Louise Brooks a donné naissance à deux grands films : "Loulou" et celui-ci. Même s'il n'atteint pas le degré de perfection de "Loulou", à cause de la construction maladroite de certaines séquences comme celle où l'aide pharmacie libidineux et repoussant incarné par Fritz Rasp va s'appréter à commettre l'irréparable. Mais l'ensemble reste tout de même très réussi que ce soit au niveau de la description d'une société bourgeoise pourrie destructrice et autodestructrice qui préfère sacrifier les sentiments aux profits des apparences à travers une galerie de personnages haute en couleur, à tel point écoeurante que la société d'une maison close apparaît comme beaucoup plus humaine et vivable, qu'au niveau de l'histoire au combien passionnante et terrible à la fois d'une victime de cette société. Le climat d'étouffement qu'aurait pû procurer cette oeuvre est heureusement contrebalancé par des scènes légères voir même comiques comme la scène de la danse ou celle de la ferme ou défoulante comme la révolte dans la maison de redressement. Une scène remarquable par la grande émotion qu'elle procure sort fortement du lot : celle où le père veule du personnage de Louise Brooks rencontre sa fille dans la maison close. Inutile de rajouter que le talent et l'incroyable photogénie de Louise Brooks éclatent dans chaque scène. De toute façon 2900 mètres de pellicule sont capables de beaucoup mieux le montrer que quiconque. En tous les cas, on a affaire à une oeuvre d'une beauté plastique incontestable et surtout d'une force peu commune.
Excellent film d'un grand réalisateur, tourné juste avant la crise économique qui va toucher et emporter l'Allemagne au fond du gouffre. On en découvre d'ailleurs quelques signes précurseurs, essentiellement dans le désir d'ordre et d'autorité de la bourgeoisie. Mais la liberté prévaut encore et plusieurs scènes sont mémorables dont celle où la jeune héroïne se retrouve pour la première fois dans ce qui s'avère être un bordel. L'ambiance qui s'installe alors avec le vendeur de saucisses qui s'invite à la fête est des plus joyeuse, finissant par balayer la mélancolie de la jeune fille. Plusieurs personnages croisés sont truculents mais ce qui frappe avant tout c'est l'élégance et la beauté des femmes filmées par G.W. Pabst. Certains plans sont magnifiques, leur composition faisant penser à de vrais tableaux sans être figés pour autant. Cent ans bientôt et pas une ride !
Louise Brooks est excellente dans le rôle principale. Le film avait fait scandale à l'époque de sa sortie car il montrait de manière positive un bordel, source de bonheur en communauté à contrario des maisons de redressement (bel uppercut donc contre la morale bourgeoise). Cela peut paraitre un poil manichéen dans l'opposition des deux communautés mème si, à l'image de la dernière scène, le réalisateur insiste sans doute surtout sur le fait que l' épanouissement passe plus par l'affection et non la rigidité et la sévèrité dans la relation à autrui.