Alternant des gags grotesques et prévisibles (la scène du pont au début) et d’autres beaucoup plus surprenants ou exploitant la tension nerveuse liée à l’attente du dénouement, ainsi qu’à un jeu sur le langage, Pierre Richard tourne là son deuxième film en tant que réalisateur, toujours épaulé par Yves Robert et André Ruellan. Cette fois, Roland Topor, créateur et artiste éclectique (mouvement Panique et Satrape du Collège de Pataphysique) rejoint l’équipe.
Au casting, on retrouve des habitués d’autres films dans lesquels à jouer Pierre Richard : Yves Robert lui-même, Paul Le Person, Jean Carmet, Paul Préboist, Robert Dalban, auxquels s’ajoutent une toute jeune Anny Duperey, Danielle Minazzoli, qui n’est autre que l’épouse de Pierre Richard et un Pierre Mondy, insupportable caricature de Guy Lux.
Comme dans son précédent film (Le Distrait, 1970), Pierre Richard se contente d’abord de présenter une succession de scènes prétextes à un comique de situation, burlesque, et à un défilé de personnages typés, un peu dans la veine des screwball comedies des années ’60/’70. Son personnage préfigure déjà celui de La Chèvre (Francis Veber, 1981), un incorrigible malchanceux qui rate tout ce qu’il touche
, y compris son suicide
.
Hélas, ce genre de formule nécessite un rythme soutenu et permanent, ce qui n’est pas le cas de ces Malheurs d’Alfred et la dernière demi-heure est franchement difficile à avaler, basculant du burlesque au grotesque, répétitif et lourdingue, dans la plus pure tradition des comédies populaires franchouillardes à la façon des Charlot, en beaucoup moins bon.