"As bestas" est l'un des gros films "français" de l'année 2022. Ayant été plutôt très remarqué à Cannes, le long-métrage a forcément suscité de l'intérêt, même si je n'étais pas très enthousiaste à l'idée de le visionner. Je n'ai pas vraiment d'avis sur le cinéma de Rodrigo Sorogoyen, et l'idée de départ ne me tentait pas plus que cela. Mais finalement, j'ai quand même passé un plutôt bon moment face à ce projet, sans que le tout soit excellent pour autant. Le principal souci du film, à mon sens en tout cas, va venir de son scénario, celui-ci ne développant pas grand-chose et se contentant de nous proposer des situations déjà vu. Les histoires à base de conflits de voisinage dans une campagne perdue, avec une partie sur les relations d'une famille, cela ne m'attire pas forcément. Cependant, je serai mauvaise langue de dire que tout est raté à ce niveau-là. Certes, le scénario ne me plaît pas, ce n'est pas ma tasse de thé, et je l'assume pleinement. Mais il y a quand même de bonnes idées à ce niveau-là, notamment au niveau de certaines thématiques. Tout le scénario se base évidemment sur un principe de discrimination, voire de racisme, et le tout est montré d'une manière assez forte. Pour que cela fonctionne, on va plutôt bien développer nos personnages principaux par exemple. Si Olga, interprétée par l'excellente Marian Foïs, est bien plus centrale dans la dernière demi-heure du film, c'est Antoine qui est le personnage principal du projet. Il est typiquement le genre d'homme que l'on s'imagine quand on pense à un étranger qui s'installe dans un nouveau pays. Il respecte sa terre d'accueil, il apprend les coutumes locales, etc... Son traitement est donc fait de manière à nous faire ressentir son incompréhension face au conflit dans lequel il sera mêlé. On ressent un vrai fond de tolérance avec ce film, une envie de se mettre à la place d'un étranger, sans pour autant partir dans le cliché typique que l'on peut voir en France. Les thématiques sont donc importantes, et même si le contexte ne me parle pas, j'apprécie l'idée de les traiter de cette manière. Tout est fait pour que le tout fonctionne et que l'angoisse soit présente. Je salue notamment très fortement le casting de ce film, les acteurs étant vraiment tous bluffant de réalisme. Pourtant, Rodrigo Sorogoyen les a mis dans des situations assez complexes, jusqu'à proposer des séquences de 10 minutes de dialogues, sans un seul mouvement de caméra. Ce qui est un mal pour un bien au final. D'un côté, cela permet à ces acteurs de s'exprimer, et les scènes en valent donc vraiment le détour ! Mais c'est sûr qu'en matière de mise en scène, on a vu plus inspirer, dotant plus que cela nuit clairement au rythme du film. Même si cette idée est l'une des pièces du puzzle pour essayer de renforcer cette ambiance. Le manque de musique ou même la photographie assez terne témoignent également de cette envie, et je confirme que la tâche est accomplie. Le film remplit bien son contrat et n'a pas vraiment de très gros défauts. Je ne suis pas un grand client de ce genre de projet et je n'ai pas été subjugué par l'ensemble. Mais il est clair que si ce long-métrage vous tente, vous ne risquez pas d'être déçu. Pour conclure, une jolie réussite.