Le film est constitué de 2 parties et dure pour cela 2h17 (un peu long). La 1ère partie est bien faite mais conventionnelle et raconte les difficultés d’un couple français, Antoine (Denis MENOCHET) et Olga (Marina FOÏS) venus en Galice (d’où le titre en galicien qui signifie « Les bêtes », mot à double sens) pour cultiver et vendre leurs légumes ainsi que retaper de vieilles maisons. Deux frères, Xan, 45 ans et Lorenzo, 52 ans, éleveurs de bovins et vivant dans la ferme voisine de leur mère, ne les apprécient pas pour de multiples raisons, d’une part, en tant qu’étrangers et français (et de rappeler les exactions de Napoléon Ier qui avait placé son frère Joseph à la tête du royaume en 1808) et d’autre part, Antoine étant contre le projet d’éoliennes, ce qui pourrait les priver d’une rentrée d’argent et les sortir de leur situation (de pauvres et de célibataires). Le sujet n’est pas nouveau et déjà était traité dans « Jean de Florette » (1986) de Claude Berri, adapté du roman « L’eau des collines » (1963) de Marcel Pagnol et où Jean Cadoret (rôle-titre), percepteur à la ville, venait cultiver des légumes et élever des lapins sur la terre de sa mère décédée, en vain car des voisins, Le Papet et Ugolin, avait bouché sa source afin de racheter plus tard la propriété. Chez Pagnol, point de racisme mais un antagonisme entre ceux de la ville et de la campagne et l’appât du gain. Le réalisateur espagnol fait monter la pression de la part des 2 frères, alcooliques et « bas de plafond », surtout Xan, blessé à la suite d’un accident avec un cheval (lors de la tradition galicienne de couper la crinière des chevaux) jusqu’à l’inévitable (puisqu’il s’agit d’une tragédie). Cela évoque, certes dans un contexte différent, « Les nerfs à vif » (1962) de Jack LEE THOMPSON où Robert Mitchum, sorti de prison, vient mener une guerre des nerfs auprès de Gregory Peck, l’avocat qui est responsable de sa condamnation. Après une ellipse remarquable, la seconde partie est la plus intéressante : elle est centrée sur Olga et contient une scène d’une grande intensité, filmée en plan séquence, d’altercation entre Olga et sa fille. Elle est digne de « Sonate d’automne » (1978) d’Ingmar Bergman avec la confrontation entre Ingrid Bergman, la mère et Liv Ullmann, la fille. A souligner aussi la belle photographie, notamment des intérieurs, due à Alejandro de PABLO (dont c’est la 7e collaboration avec le réalisateur) et la musique, souvent minimaliste mais toute en tension d’Olivier ARSON (5e collaboration avec le réalisateur).