Si l’on mesure la qualité d’un film à la qualité des portraits des méchants ; ce film est un chef-d’œuvre ! Mais comment j’avais envie de les châtier ces gr… c… ! Parce que le sujet du film, c’est l’entêtement de deux frères, têtes à claques, têtus et prêts a tout pour sortir de leur condition sociale paysanne misérable. Mais la dextérité du scénario est de réussir l’exploit de nous fournir des explications (excuses ?) acceptables a ces deux « bas de plafond » dans leur haine inexpugnable envers un couple de nouveaux paysans bio, intellectuels, étrangers, bobos à souhait … Donc, le choc de 2 cultures, de 2 visions de l’existence … Mais le film ne s’arrête pas une fois que l’irréparable a été commis. Et cette dernière partie permet de poser un regard interrogateur sur la notion flexible de justice, de légitimité, de justification des actes.
Sorogoyen signe un film étouffant, oppressant, tendu comme on en voit rarement. Les quatre acteurs principaux sont impressionnants. La mise en scène magnifique illustre en sombre des interrogations philosophiques (qui a tort qui a raison ? Un choix de vie peut-il être meilleur qu'un autre ?) s'avérant être la clé de ce thriller puissant. Du grand cinéma.
As bestas par Dingo de Cinoche Même des amis espagnols ne comprennent pas le titre. C'est vraiment un bon film. Un couple de français intello, étonnante Marina Foïs, de plus en plus de présence physique de Denis Ménochet, s'installe en Galicie pour promouvoir les légumes bio, retaper un village abandonné et s'opposer à l'implantation d'éoliennes. La confrontation avec les autochtones va être terrible. Très lent, très prenant, une scène de ménage magnifique entre la mère et la fille de passage. Louis Malle dans sa proposition de rivalité entre des réfugiés vietnamiens pêcheurs de crevettes et les natifs de "Alamo bay "(1985) a fait un film plus radical et plus fort, mais cette mouture franco-espagnol reste très bonne
Cela faisait longtemps que l on n avait pas assisté à un tel morceau de cinéma, à moins de remonter à "Délivrance " de John Boorman ou encore aux "chiens de paille " de Sam Peckinpah. La remarquable interprétation des acteurs et actrices de "as bestas " constitue l un des points forts du film.
Un couple de français, dans la cinquantaine, est installé dans un petit village des montagnes de Galicie. Ils font de la culture bio, rénovent des maisons délabrées et refusent d’autoriser l’installation d’éoliennes sur leur propriété. Ce refus cristallise des tensions avec leurs voisins, deux frère célibataires et leur mère, issus du village et pauvres. Leur opposition ne va cesser de croître… Sur cette ligne dramatique très forte, Sorogoyen va subtilement greffer d’autres thématiques : l’arrogance et l’aigreur produits par la différence de niveau culturel ; l’immersion du nouveau venu, de ses idées et de ses projets dans un milieu figé et hostile ; au sein même de la famille française (parents-enfants), la méconnaissance et l’incompréhension des vies respectives. Ce film profond qui interroge et surprend est mis en scène avec une force et une fluidité magnifiques : les hommes, les animaux en particulier les chevaux, les paysages sont regardés avec une justesse et une beauté tout en sensibilité parfois implacable. Les acteurs sont au diapason : Marina Fois, en mère courage, n’a jamais été aussi convaincante ; Luis Zahera, en paysan retors, hâbleur, manipulateur est sidérant ; Denis Menochet, en bougon massif reste dans sa zone de confort. Rodrigo Sorogoyen a déjà réalisé d’excellents films. Celui-ci, par son ampleur et la subtilité de son approche, est encore meilleur.
Un film original, un scénario au bon suspens, des personnages marquants et souvent inquiétants, du bon cinéma. Seul bémol : une telle longueur s'impose t'elle vraiment ?
C’est long… Malgré un duo d’acteurs qui marchent très bien à l’écran avec Marina Foïs et Dénis Ménochet excellents dans leurs rôles, le film n’avance pas et la tension que le réalisateur essaie de mettre en place a du mal à s’installer. Le film est couru d’avance et à partir du moment où « l’irréparable » se produit, on ne comprend pas pourquoi le film continue. Toute la tension qui avait été installée disparaît et on est laissé avec une (longue) heure d’histoire sans intérêt. Le personnage de la fille est plat et la scène de dispute entre Marina Foïs et Marie Colomb est insoutenable. Marie Colomb passe totalement à côté de son rôle et tout dans cette scène sonne faux. Vous avez sûrement bien mieux à faire que de passer deux longues heures devant ce thriller d’une lenteur insurmontable.
Un couple d' agriculteurs bio s' installe en Espagne( dont on sait que le bio n' est pas la principale qualité) la tension monte au fur et à mesure sur une BO lancinante, les acteurs sont impressionnants tant les "français" que les "espagnols" . Pour en arriver au fait que si on lâche pas on y arrive mais à quel prix...
Dans les contributeurs financiers du film je n'ai pas vu la région de Galicie. ...et on comprend pourquoi ? Ce film fait penser à Delivrance dans sa confrontation au local ancestral non confronté au métissage et peu ouvert à l'étranger, à l'intrus. L'hostilité est permanente, l'issue n'offre que peu d'espoir. Presque un hymne à rebours pour la civilisation. cela demeure un feel bad movie ! Plus dans la mouvante Antidisturbios que Madre, même s'il partage avec ce dernier le métissage franco espagnol, dans l'autre sens cette fois (des français en Espagne et non une espagnole en France)
encore une fois Denis Ménochet est d'une justesse dans son rôle, Marina Foïs également ainsi que les acteurs espagnols. un film obscure et stressant avec de très belles scènes de vie... A VOIR ABSOLUMENT
Un thriller réaliste, fondé sur une opposition entre des néoruraux expatriés, instruits, légèrement condescendants, et certains "locaux" miséreux, rustres, xénophobes... On n'échappe pas aux clichés, mais le scénario est assez bien écrit pour apporter ici et là des nuances bienvenues. Cette opposition, au-delà de sa résonance contemporaine, sociétale, trouve des racines plus profondes et intemporelles, dans l'opposition nature/culture. En termes de lignée cinématographique, sur ce sujet, on songe inévitablement à Délivrance, aux Chiens de paille... Mais tout en cultivant une tension permanente, une violence latente, As bestas est cependant moins explosif. Plus lent et répétitif aussi, un peu long même, jusqu'à une ellipse qui vient relancer la narration. La mise en scène de Sorogoyen est comme toujours soignée et efficace (superbe introduction au ralenti) ; l'interprétation est convaincante (avec une mention pour Marina Foïs qui trouve là probablement son meilleur rôle à ce jour). Le scénario a ses petites failles (logiques ou explicatives – les enjeux du projet éolien auraient gagné à être plus clairement présentés), ses moments forts (un dialogue intense entre mère et fille, vers la fin) et une conclusion intéressante, qui enterre la bêtise et la violence masculines au profit d'un renouveau féminin. Quant à la musique, elle n'est pas toujours utilisée subtilement, annonçant artificiellement les pics dramatiques. Au demeurant, malgré ses faiblesses, le film capte par son atmosphère et ses "gueules" de cinéma.