Magnifique. Tant d'intelligence, de subtilité, de finesse. Tant de justesse dans l'approfondissement des personnages...
Mais regardez bien, bien, les superbes images d'avant le générique. Imprégnez vous de ces images. En Galice -horizon de hautes collines boisées à perte de vue- , il y a encore des bandes de chevaux sauvages; pour les marquer, le plus agile saute sur leur dos, deux autres s'accrochent aux membres de l'animal pour le faite tomber, corps à corps bestial, étreinte préhistorique.
Un couple de français vient s'y installer, dans un village aux trois quart abandonné, parce qu'Antoine (Denis Menochet, monolithique...) a décidé que c'était le plus bel endroit du monde et qu'il devait y vivre. Ils vont faire de l'agriculture biologique, et de plus il retape, gracieusement, des maisons abandonnées pour les donner (étrange idée! on se demande bien qui aura l'idée de s'installer là d'où tout le monde s'en va)
Et elle, Olga, que pense t-elle? Rien. Depuis le jour où elle a rencontré Antoine, elle a manifestement cessé de penser, voyant par ses yeux, utilisant son cerveau, heureuse d'être ses mains, travaillant comme une bête pour biner, planter. C'est un très beau rôle pour Marina Foïs, assez éloigné de son registre habituel, et elle y est magistrale. Que faisait elle dans la vie d'avant? Lui était professeur... Ils ont eu une fille (Marie Colomb), mère célibataire qui vit de bric et de broc et dont l'affrontement avec Olga est aussi un beau moment du film.
Vous le comprenez,
même s'il sera la victime
, Antoine n'est pas sympathique.
Leurs plus proches voisins sont deux vieux garçons qui vivent chichement avec leur mère. Xian (Luis Zahera, avec de faux airs de De Niro) est une brute qui parle haut, cherche à dominer les autres villageois; son frère, Loren (Diego Anido) a eu un accident au cours d'un de ces plaquages de chevaux sauvages qui lui a laissé quelques cases de vide.
Bien sûr, ils se méfient des nouveaux arrivants. Mais se greffe le problème des éoliennes. Une société veut en implanter. Le pactole! Mais Antoine met son veto, et bloque toute l'affaire. Eh oui, en bon écolo, Antoine adore les éoliennes.... chez les autres. Alors, il leur explique qu'ils seront exploités, rétribués pour un montant dérisoire, pontifiant, arrogant, et les frères, que voient ils? L'occasion d'avoir un peu d'argent, de sortir de ce trou, peut être d'avoir enfin une femme, une femelle puisque celles d'ici sont toutes parties, peut être même des enfants... Et à cause de ce salaud, le rêve tombe à l'eau...
Comment cela peut il finir? Mal, évidemment. Mais puisque dans ce film, contrairement aux deux policiers dont j'ai parlé précédemment, on ne connait pas la fin dès le début, je vous laisse le découvrir.
Ce film est un chef d'oeuvre.