Au niveau de la guerre du viet-nam, les expériences cinématographiques viscérales, dramatiques, anti-militaristes, comiques même (de ce niveau-la on aura eu Smash (un film qui a très mal vieilli mais qui a à l'époque remporté une palme d'or (il fut d'ailleurs apparement le seul film sur la guerre du viet-nam à avoir reçu une aussi grande récompense)) et... Pas grand chose d'autre (on peut tout de même référencer le plus récent Tonnerre Sous Les Tropiques, comédie qui fait un peu moins dans la dentelle mais parodie de nombreux films sur la guerre du viet-nam)), ou encore émouvantes ont beau s'être enchaîné dans la fin de la deuxième moitié du XXème siècle, l'amérique ayant été évidemment profondément traumatisé par cette guerre, Platoon est surement celle qui est allé le plus loin dans la dramatisation, l'intensité et le réalisme violent, dans un long-métrage qui malgré le fait d'avoir ce que même Full Metal Jacket de Kubrick n'a pas, c'est-à-dire l'expérience d'Oliver Stone sur le terrain étant lui-même un vétéran du vietnam, avec ce surplus de violence éprouvante, et ce malgré des scènes terriblement réussies (comme celle que toutes les affiches semble apperemment vouloir nous gâcher), il se passe exactement la même chose que quand vous installez trop de fichiers importants dans un ordinateur, car c'est au moment où vous le bourrez jusqu'au moindre Giga qu'il commence à révéler ses faiblesses (oui, mes métaphores sont décidément de moins en moins onirique); et c'est bien là le défaut principal de Platoon qui s'inscrit tout de même dans quelques-uns des excellents films de guerres qu'a pu nous offrir le cinéma : mais on peut tout de même admirer la façon dont Stone arrive à faire muter cette esbrouffe de violence et de fusillade en un message au final très humaniste et anti-guerre ; d'ailleurs, cette facette anti-guerre prend un pourcentage logiquement plus élevé du film face au côté anti-militariste, car si le film réserve plein de belles folie guerrière (qui ne dépasseront jamais celle du général dans Full Metal Jacket bien entendu, évidément, logiquement), mais puisque le film se base sur l'expérience du réalisateur, il décrit les personnages plutôt comme des victimes apeurés de leur descente aux enfers, même s'il n'est question ici que des principaux, et ce même si les personnages sont décrit avec assez de réalisme pour qu'on y croit réellement comme le message de fin veut le dire (et y arrive même (quel scoop, non ?)). Pour interprèter cette troupe de soldats livrés à eux-même dans l'enfer littéral qu'illustre le film, on a en arrière-plan un Johnny Depp alors encore cadet dans sa carrière (qu'on remarque assez peu pour tout dire), et parmi des personnages secondaires pas forcément très mémorables, un Willem Dafoe tout bonnement excellent qui a bien plus de présence que l'acteur principal, un Charlie Sheen un peu fatigué et qui se retrouve ici dans un rôle pourtant un peu moins complexe que celui qu'il avait dans Apocalypse Now (autre film de guerre sur le vietnam qui prend d'ailleurs le réalisme à contrepieds en faisant entrer le spectateur dès le "générique" dans un état second et un irréalisme total). C'est d'ailleurs aussi ce qu'on peut reprocher à Platoon, car même si l'effet est bien voulu, la mise en scène sans aucune sofistications du film (de ce côté-la, c'est pourtant la foire au vietnam : faites entrez la construction en trois partie avant/pendant/après guerre de Voyage Au Bout De L'enfer, l'irréalisme d'Apocalypse Now, l'atmosphère très métallique de Full Metal Jacket (hin... Ce n'est pas qu'un (mauvais) jeu de mot) et son espèce de découpage en deux parties (volontaire), ou même en trois parties (involontaire surement)...etc.), et ceci couplé pourtant à son effervescence dramatique (à noter une magnifique bande-originale) menant à du quasi-nihilisme (cf la scène du village, la plus dure...), un atout favorable qui nous fait dire tout de même qu'Oliver Stone aurait pu encore mieux diriger sa claque, car il y a bien une claque, il y a des imperfections, quelques personnages inintéressants, et d'autres choses embêtantes, mais il y a bien une claque, et c'est une belle claque (tiens, devinez combien de fois vais-je encore répéter le mot "claque" dans la même phrase maintenant...) pour un film excellent qui s'approche du chef d'oeuvre mais ne l'atteint pas, comme ces soldats qui ont perdu leur innocence et ne pourront plus jamais l'atteindre... Conclusion : Un film de guerre très violent, dur et boulversant. Full Metal Jacket brillait par sa crudité, Voyage Au Bout De L'enfer par son humanité, son émotion, Apocalypse Now par son ambiance abstraite, Platoon lui par son réalisme choquant, par certaines scènes marquantes et par une description incroyable de la folie non des soldats, mais de cette guerre qui les emparent et durant laquelle ce n'est pas l'ennemi qu'ils combattent, mais eux-même... Au fait, rien que pour la citation : "un prétexte, c'est comme un trou du cul, tout le monde en a un."