On ne saurait résumer en quelques mots l'influence d'Akira Kurosawa sur le 7ème Art. Finalement, égrener les noms de ses admirateurs parait plus éloquent : Sergio Leone, Steven Spielberg, George Lucas, Quentin Tarantino, ou Francis Ford Coppola...Voilà qui devrait suffire à donner une idée de son impact sur le cinéma, quoiqu'il ne bénéficie pas forcément de la même popularité de ses héritiers et c'est injuste.
Au centre de sa carrière jalonnée d'œuvres séminales (Rashomon, La Forteresse Cachée), il y a Les Sept Samouraïs. Une fresque colossale qui synthétiste plusieurs des grandes thématiques chères à Kurosawa : humanisme, héroïsme, relations entre classes et générations,... Elles arrivent à une pureté absolue. Les sept gaillards mis en avant sont de purs représentants de la noblesse d'âme, tous différents mais chacun convergeant vers une forme de désintéressement qui fend le cœur. Parmi eux, je retiendrai trois personnages, aussi différents que complémentaires.
Kikuchiyo (inoubliable Toshirō Mifune), sorte de chien fou de la bande. Enragé, impulsif mais d'un courage peu commun, il est le plus émouvant de la troupe puisqu'il offre une évolution complète sur les 180 minutes. C'est également lui qui devient le ciment parvenant à fédérer ses comparses et les paysans.
Kanbei Shimada, la voix de la sagesse. L'ainé mais également le plus équilibré des 7 guerriers partis dans une bataille désespérée. Il est le centre névralgique du commando kamikaze et rempart inaltérable face à la peur/folie, auquel Takashi Shimura apporte toute son autorité et sa bonhommie.
Enfin, Katsushiro occupe lui un double-rôle, puisqu'il est simultanément participant et spectateur de l'épopée. Il représente également la jeunesse dans sa symbolique, l'espoir et l'avenir.
Personnellement, j'ajouterai le rôle plus discret de Kyuzō, samouraï silencieux mais diablement létal. En une poignée de minutes, Seiji Miyaguchi lui confère un charisme exceptionnel.
Malgré ses 3 heures, Kurosawa fait montre d'une virtuosité telle que les minutes passent à une vitesse folle. Aucune minute n'est sujette aux digressions inutiles. Jusqu'à son climax de presque une heure, où toutes les destinées se fracassent lors d'une bataille homérique. Et de permettre au réalisateur d'offrir à ses personnages un épilogue humble, amer mais grandiose. Tout en donnant ses définitions de l'héroïsme et la définition de Samouraï, non plus découlant d'un quelconque milieu social mais d'une volonté de triompher de l'adversité, quelle que soient l'issue. Pas étonnant que plusieurs générations de cinéastes en soient restés babas.