Icare est le premier long-métrage de Carlo Vogele, qui, né au Luxembourg, a suivi une formation à l’école des Gobelins à Paris. Il a ensuite travaillé aux studios Aardman puis à Pixar, sur des films comme Toy Story 3, Cars 2, Rebelle et Monstres Academy, entre autres. Une expérience américaine aux antipodes de la production d'Icare : « j’ai vraiment connu la culture du blockbuster avec beaucoup de processus de validation à rendre fou les animateurs qui devaient recommencer et recommencer encore. En Europe, et parce que les budgets sont aussi plus serrés, les décisions se prennent plus rapidement. En tant qu’auteur, on parvient à faire réellement le film que l’on souhaite ».
Si le mythe d’Icare qui se brûle les ailes après avoir volé trop près du soleil est connu de tous, son histoire personnelle et son enfance, restent mystérieuses. Le réalisateur Carlo Vogele, qui est passionné par la mythologie grecque depuis l’enfance, raconte : « Quand j’ai cherché un héros de la mythologie, Icare m’est apparu comme une page blanche. Le mythe ne tourne que sur l’envol et la chute. Quand on lit les textes chez Ovide, il y a très peu de détails supplémentaires. »
Pour documenter son équipe sur les décors d’Icare, Carlo Vogele a visité les sites antiques de Crète : « Je suis retourné sur le site de Cnossos pour quelques photos de repérage. Les couleurs et les lumières ont un rôle très important dans ce film pour inscrire l’histoire dans le réel. »
Avec Icare, Carlo Vogele souhaitait signer un grand film d’aventures porté par un souffle épique, loin du ton humoristique et parodique prédominant dans le cinéma d’animation actuel. « J’essaye de proposer un style de récit différent où le bien et le mal ne sont pas facilement dissociables, où les femmes ont de grands nez et où le jeune public peut être saisi par la dureté des enjeux. D’ailleurs, je fais aussi le pari que la mythologie plaît aux enfants justement par la cruauté de ses passions ».
À l’instar de la Méditerranée, qui est un carrefour de cultures, où se côtoient et s’opposent les traditions d’Athènes et de Crète, Icare mêle la musique baroque et la musique orientale, mais surtout associe animations 2D et 3D : « J’ai étudié toutes les techniques d’animation et travaillé pour des studios aux traditions très opposées, des figurines de pâte à modeler d’Aardman à la 3D léchée de Pixar », raconte Carlo Vogele. Pour Icare, il a cherché à développer sa propre identité graphique et a fait appel à Édouard Cour, auteur de BD à succès féru de mythologie. À partir de ses dessins, l’équipe a peint les décors pour chaque scène, et modélisé les personnages en 3D dans l’ordinateur. Pour une incrustation parfaite, l’équipe a eu recours à une astuce : « Pour que les personnages ne se démarquent pas des décors de façon étrange, nous avons travaillé les ombres des corps avec des aplats de couleurs, un peu comme si on faisait de la 2D sur de la 3D. Le résultat est un look simplifié qui se rapproche de la bande dessinée », explique le réalisateur.