Film documentaire réalisé par Laurent Charbonnier et Michel Seydoux, Le Chêne est malheureusement une immense déception. Cette création singulière nous fait suivre toute la biodiversité vivant autour d'un chêne le temps d'une année. Hélas, ce long-métrage naturaliste comporte énormément de défauts, à commencer par son absence totale de scénario. C'est très brut et contemplatif, on se retrouve sous cet arbre sans contexte et le manque de narration se fait grandement ressentir. Car même si ce qu'on voit à l’écran tente de nous raconter quelque chose, cela ne convainc pas, il manque quelque chose pour donner un sens aux images comme de la pédagogie qui manque cruellement. Du coup, malgré une durée de seulement une heure et quart, le temps parait long tant l’intérêt est minime. C'est apaisant et par moment empreint de poésie, mais surtout ennuyant. Mais le plus dommageable c'est bien son manque de message et sa morale douteuse édulcorant les besoins primaires avec des prédateurs ne parvenant jamais à capturer leurs proies ce qui ne reflète pas la dure réalité. Cependant, il est agréable d'observer l'évolution de la nature au fil des saisons, tout comme de suivre les animaux et les insectes qui peuplent ce bout de terre. Le film parvient à nous faire ressentir toutes les menaces auxquels doivent faire face ces espèces fragiles au sein de cette nature imprévisible et dangereuse. Des créatures variés, dont beaucoup font leur apparition en cours de route, ce qui permet de renouveler et d'apporter un semblant d’intérêt nouveau appréciable. Mais là encore, il est difficile de s'attacher à toutes ces petites bêtes à cause de la façon dont c'est amené. Car oui, le problème principal et qui ruine tout le projet, c'est bien la réalisation des deux cinéastes. Celle-ci est constamment hachée et cela est insupportable tant elle ne laisse jamais vivre ses scènes. Les plans ne durent pas plus d'une seconde et cassent donc toute la magie des moments capturés, tant ils s'enchainent à un rythme effréné, ne laissant pas le temps d'en profiter. On ne peut donc s'extasier sur aucune image, ce qui est d'autant plus frustrant, car la caméra se faufile dans les moindres recoins mais exploite très mal ce qu'elle immortalise. Le chêne est lui aussi bien filmé, sous tout les angles, de ses racines à la cime de ses branches, mais cet arbre et son environnement n'ont rien de particulier ou d’impressionnant. Le cadre choisi est agréable mais est loin d'offrir un lieu mémorable, surtout que celui-ci n'est pas bien mis en valeur à cause de la mise en scène. Même la photographie manque de luminosité et d'éclat. Heureusement, ce gâchis visuel est tout de même accompagné par une ambiance sonore partagée entre mélodies de circonstances et sons naturels, pour un résultat satisfaisant. C'est sûrement même la seule vraie réussite. Car la fin insipide laisse de nombreux regrets tant il y avait matière à faire beaucoup mieux et que beaucoup de documentaires sont plus aboutis que cette œuvre ayant eu le privilège d'être diffusée sur grand écran. Au final, Le Chêne est un film documentaire de mauvaise qualité, ce qui est franchement regrettable vu le travail nécessaire pour parvenir à offrir ce genre de spectacle.