Et si ce film était la plus belle représentation filmée de la vie de Jésus ? En tout cas, cet "Evangile selon St Matthieu", largement en décalage avec les autres films de Pasolini, est un de ses plus grands films.
Excellente surprise! J'étais plus que sceptique et j'ai longuement hésité avant de voir ce qui raconte la vie du Christ pendant plus de 2 heures. Je pense avoir un avis objectif sur le film. Encore une fois, c'est ici la mise en scène grandiose qui retient l'attention. D'un sujet poussiéreux et ennuyeux à mon goût, Pasolini en tire une oeuvre superbe et résolument moderne. Les célèbres leçons de morale ne nous sont pas épargnées (bon c'est normal alors je pardonne) mais le tout est montré avec tellement de beauté que notre attention est forcément retenue. Les décors, le montage, la photo, la musique: tout cela est grandiose et sert la dernière séquence assez incroyable. A voir absolument pour se démener de tous les préjugés de chacun par rapport à une telle histoire.
Cette adaptation de l'Evangile de Jésus Christ selon St Matthieu est un chef d'oeuvre. Pasolini a mis tous ses talents et ses dons de réalisateur au service du texte de St Matthieu. Il s'est fait humble devant le message. Et alors quel film !!!
La réalisation hyperréaliste transforme le message christique en quelque chose de beaucoup plus universel : une oeuvre d'art. C'est sans doute pour cette raison que ce film est apprécié indifféremment par toutes les sensibilités.
Ce film marque souvent pour son matérialisme profondément marxiste, certains y voient une absence de spiritualité, d'autres (c'est mon cas) y voient l'apologie du Verbe, qui, détaché d'un kitsch récurrent, d'une bonne conscience moralisante se manifeste par sa profondeur subjective. Pasolini n'est pas catholique, il est sans doute chrétien... mais s'affiliant à un christianisme subversif (au sens positif du terme), un christianisme qui se veut, plus qu'anachronique, universel (chants révolutionnaires russes) et surtout humain (non surjoué par des personnages secondaires habituellement touchés par la "grâce"). Un exploit, pour moi.