Coeur errant est né de la volonté profonde de Leonardo Brzezicki de parler de la vie intérieure de tout un chacun, particulièrement à travers le parcours de Santiago (campé par Leonardo Sbaraglia). Le metteur en scène, qui s'identifie à la crise d'identité traversée par ce personnage, développe :
"Cela m’a ouvert les yeux sur beaucoup de choses, et après avoir écrit et réalisé ce film, j’ai vu à quel point ce personnage raisonnait chez les spectateurs, quelle que soit leur orientation sexuelle. Tout le monde a ses blessures et pour différentes raisons, on les cache ou on essaie d’en guérir."
"Le personnage, comme moi-même, tentons de les soigner, mais il y a souvent une contradiction entre la volonté de les cacher et le besoin de les exprimer. A travers le cinéma, comme moyen d’introspection, je cherche à me connecter à ma douleur, tout en établissant une relation avec les autres."
"Beaucoup de ces blessures viennent de mon passé, comme le rejet que j’ai pu ressentir dans mon enfance, ayant subi des violences scolaires et grandi avec le sentiment qu’être soi-même est une honte, ne rentrant pas dans les normes et n’ayant pas de modèles auxquels m’identifier."
"Grandir avec cette haine intériorisée conduit ensuite à un manque de confiance en soi, à beaucoup d’anxiété. C’est presque devenu quelque chose de physique et ça m’a conduit à une crise violente, durant laquelle je me suis raccroché à l’écriture, pour tenter de garder la tête hors de l’eau."
Leonardo Brzezicki est né à Buenos Aires, en Argentine. Il a réalisé plusieurs courts métrages primés à travers le monde. Noche, son premier long métrage, a été présenté au festival de Rotterdam en 2013. Son dernier court métrage The Mad Half Hour a été présenté en compétition au festival de Berlin en 2015. Il a ensuite reçu le prix du meilleur court métrage au festival Indielisboa. Coeur battant est son deuxième long métrage.
Leonardo Sbaraglia joue Santiago, le personnage principal : "Nous avons répété pendant un mois, en se voyant tous les jours pendant des heures. Nous savions qu’il fallait arriver sur le tournage parfaitement préparés car il allait être très intense et peut-être trop court par rapport à l’ambition du film, seulement quatre semaines."
"Pendant les répétitions, nous avons travaillé principalement à trouver l’énergie du personnage, la façon dont il devait parler, bouger, l’expression de son regard, l’inconfort permanent qu’il ressent. C’était aussi le moyen de se découvrir en tant qu’êtres humains, nous avons eu beaucoup de conversations intimes", confie Leonardo Brzezicki.
Leonardo Brzezicki a toujours été attiré par les films qui marquent les spectateurs après la projection et qui les invitent à se confronter à eux-mêmes. Le cinéaste explique : "C’est comme ça que s’exprime mon amour du cinéma car pendant mon adolescence, j’ai ressenti de grands moments de solitude, où je ne pouvais exprimer à personne ce que je ressentais. Je ne trouvais aucun modèle qui me ressemblait."
"Cet art a le pouvoir de toucher la fibre intime des gens et de nous confronter à nous-même. Il permet aussi de mieux nous comprendre. Un de mes mentors m’a dit récemment que ce qui nous est le plus personnel est le matériel brut de l’art. Je cherche à aller dans cette direction, montrer ce dont on est fait à l’intérieur. Cela peut être de très belles fleurs, mais aussi de la boue mélangée avec un passé turbulent."
Depuis le début, Leonardo Brzezicki avait en tête l'image de Santiago, un homme flottant à la surface de l’océan, dans l’écume, et qui voudrait toucher le fond. Il essaye, mais n’y parvient pas, et remonte toujours. Il s’invente des histoires pour pouvoir avancer. Le réalisateur précise :
"C’est un personnage très contradictoire. Il a la volonté de s’en sortir avec beaucoup de force et en même temps il ne sait pas comment s'y prendre. Tous les éléments extérieurs l’affectent et il n’arrive pas à apaiser son esprit. Je suis très sensible aux contradictions chez les gens, c’est ce qui nous rend humains."
"Ce que l’on cache et que l'on pense honteux constituent des secrets qui nous empêchent de trouver une paix intérieure. Il y avait une volonté inconsciente chez moi de montrer aux gens le sentiment de honte qui ronge ce personnage, d’aller regarder le côté obscur de son intimité, ce dont il a le plus peur."